(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

CONSTRUCTION ET DYNAMIQUE DES TERROIRS ...
fait qu’une analyse qualitative partielle puisqu’il s’agissait de tester la
méthode. Ainsi tous les micro-charbons de bois des différents niveaux des
deux sites ont été extraits, nettoyés et séchés mais seuls les charbons d’une
taille supérieure ou égale à 2 mm ont été déterminés9. Notre raisonnement
est basé sur la présence des espèces et sur l’état des micro-charbons.
Nous n’avons pu faire aucune datation carbone 14, cependant « le
raisonnement intuitif voulant que les charbons les plus anciens se trouvent à
plus grande profondeur » (THINON, 1992) nous permet d’élaborer un
scénario possible sur la phyto-histoire de ces parcelles. Dans l’interprétation
qualitative des deux sites, on retrouve une constance du Fagus sylvatica et
d’Abies alba. Ce dernier a aujourd’hui disparu des parcelles étudiées.
Le site de Coume taillade : dans le niveau le plus ancien et le niveau
intermédiaire, on a retrouvé des charbons de Fagus sylvatica et d’Abies alba.
Celui-ci signe un milieu relativement stable. Dans le niveau de sol le plus
récent, quelques micro-charbons de hêtre présentent des structures
anatomiques particulières (thylles) qui témoignent de la diminution de la
réserve hydrique par ouverture du milieu. D’autres charbons de Fagus
sylvatica présentent une épaisseur anormalement développée de parenchyme,
témoignent de la pression exercée par le bétail. Ou encore, la présence de
mycélium sur les charbons de Corylus avellana indique que le bois était déjà
mort avant d’être brûlé10. Le noisetier annonce une ouverture du milieu,
vraisemblablement en relation avec les activités pastorales autrefois très
importantes dans la vallée.
Le site de La Serre du Milieu : dans les deux niveaux de prélèvements,
quelques charbons d’aspect vitrifié présentaient également un mauvais état
anatomique. Les thylles au niveau des hêtres et des noisetiers prouvent
encore une fois que ces arbres ont souffert d’une diminution de réserves
hydriques. La Serre est certainement un milieu pastoral totalement ouvert
depuis très longtemps. Le sapin a subi les pressions du pâturage. Le feuillage
du chêne procurait de l’ombre au bétail lors des sécheresses estivales, il était
aussi donné au bétail. D’après nos recherches, la parcelle étudiée en herbe
depuis au moins le début du XIXe siècle, était en des temps bien antérieurs,
une forêt mixte de hêtres et de sapins avec du chêne, du noisetier et du frêne.
La discussion
Nous avons réalisé un scénario phyto-historique hypothétique pour
chacun des sites étudiés. Ces exemples de reconstitution du paysage ne sont
évidemment pas les seuls possibles. Cependant, d’après les renseignements
9 Vérifications faites par Michel Thinon.
10 Essartage.
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