(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

MARTINE CAMIADE & DENIS FONTAINE
deux types d’approvisionnement : la glace, par un système de bassins, et la
neige, grâce à un espace réservé à l’accumulation naturelle122. L’exploitation
d’une verrerie est attestée par la mention en 1626 de Pere Pau Sala, verrier
du Vilar, mais nous ne savons pas s’il s’agissait du four du mas d’en Bonet
ou de ceux de la montagne123. Il est certain néanmoins qu’à cette époque les
membres de la famille Sobrepere établis à Villelongue-dels-Monts ne sont
plus des verriers. Antoni avait même envisagé en 1617 de céder la verrerie à
son frère Galderic, si Tomàs n’en garantissait plus l’exploitation124. Mais il
n’en fut rien. Il est encore question du forn del vidre del Vilar jusqu’en 1637,
date de sa vente à Nicolau Dotres. Celui-ci fait construire à proximité un
puits à glace, jugeant probablement ce type d’exploitation plus rentable. Dès
lors, quelques actes plus tardifs faisant référence à la verrerie précisent que
celle-ci est abandonnée : quo quidem puteus antiquus erat forn de vidra125,
et. un casal en dit terme y devant la iglesia del Vilar constutia [?] de
pertinencias de dita heretat, ques diu esser estat en temps passat un forn de
vidre126.
Nous voyons bien avec l’exemple du Vilar comment s’est opéré le
passage entre les deux types d’exploitations : Antoni Dotres, fils de Sebastià,
verrier de Villelongue-dels-Monts, a introduit un nouvel artisanat, qui
coexiste avec celui du verre puis finit par le remplacer. Le mas d’en Bonet et
son four sont rachetés par Nicolau Dotres, héritier d’Antoni, qui réutilise les
terrains proches du mas del Pour construire une autre glacière et aménager
des bassins. Ce changement se retrouve également dans la toponymie,
puisque le mas Puigmaniel, cité dans les documents du XVe à la fin du
d’Avall, c’est un moulin qui recouvre le puits.
122 Cet exemple montre que la dichotomie pou de glas / pou de neu est parfois arbitraire.
Dans la pratique, les populations agissaient avec un certain opportunisme de façon à tirer le
plus partie des ressources qu’offrait le milieu naturel.
123 A.D.P. O., 1 B 443, f°28 r°, témoignage de Guillem Lacasin, fermier de la leude royale de
Perpignan, Guillem Mallabou, verrier de la même ville, et Pere Pau Sala, verrier habitant au
lieu du Vilar, 26 janvier 1626.
124 A.D.P. O., 3 E 1/6357, Onofre Sabater, plech, 1615-1616, testament d’Anthoni
Sobrepere, pagès de Villelongue-dels-Monts. Il lègue le four du Vilar à son frère, Galderic,
s’il n y a pas de verriers parmi ses propres enfants. Tomàs est désigné comme l’hereu, 9 avril
1616. Antoni Sobrepere décède avant la rédaction du contrat de mariage de sa fille, Angela,
effectuée le 7 janvier 1617, A.D.P. O., 3 E 3/660.
125 A.D.P. O., 3 E 1/3461, Antoni Colom y Companyo, notaire de Perpignan, manuel, 1664,
f°136 v°.
126 A.D.P. O., 3 E 1/6009, Miquel Rovira, notaire de Perpignan, plech, Relatio de experts
sobre la estimacio de tres pous de gel situats en lo terme de Vilallonga del mont feta a
instancia del illustre Francisco Cahors y dels germans Dotres, 11 janvier 1686.
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