(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
Certes, le pouvoir politique n’est pas en lui-même un patrimoine. La
succession au sein du patrimoine permet d’accéder au pouvoir politique
local. En effet, c’est le capital foncier qui est la condition indispensable à la
désignation des charges soit par élection, soit par nomination. Il est
l’instrument de maintien au pouvoir. Les síndics, les cònsols, les batlles sont
tous des propriétaires dont le degré de fortune est variable et les plus
importants censitaires ou contribuables. Ils sont en priorité sur le devant de
la scène. Ainsi, le conseil des universités est le représentant des notables
dans lequel se trouvent en premier lieu les propriétaires, les notaires, les
médecins et les négociants. De surcroît, ils peuvent renforcer leur assise au
sein de la communauté par l’exercice de la prêtrise d’un de leurs très proches
parents, souvent un des frères. La transmission du pouvoir s’effectue dans la
lignée et glisse subrepticement vers le réseau formé au gré des alliances. Le
village, constitué des maisons et des mas, forme une unité des plus
cohérentes tant du point de vue politique ou social que spatial. La répartition
des terres, tallats100, bois et pâturages, et l’organisation du terroir sont
extrêmement liées. Le travail productif s’y déploie tout au long de l’année.
Ainsi, des passerelles visibles entre les verriers de Laroque et du Vilar
existent au XVIe et XVIIe . siècle. Une alternance dans l’exploitation des
verreries est mise en place : en 1540, Miquel Bonet passe un contrat avec
Hieronim Bonet, verrier pagès de la verrerie du seigneur de Laroque, afin de
prévoir l’arrêt de cette verrerie au profit de celle du Vilar, qu’il vient de
construire, en 1538-1539101. Cette alternance s’effectuait-elle aussi pour
d’autres verreries de l’Albera ? Il semble que non. Plusieurs fours
fonctionnent en effet en même temps : celui de la Jonquera, celui de
Montesquieu et celui de Laroque.
L’APPROPRIATION DU MILIEU FORESTIER
Plusieurs contrats d’afferme de verrerie font référence au bois. Cette
ressource, qui est alors le seul combustible utilisé pour faire fonctionner les
fours à verre, devait être exploitée de façon cohérente. Un contrat de 1638
concernant le four de la Baillanouse à Laroque précise que les verriers devaient
ramasser du bois mort et du bois vert, et tailler les arbres de façon à ce
contemporaine (XVIIIe-XXe siècles) », Centre d’Etudes Corses/A.D.E.C.E.M., numéros 42-
44, 22e année-1994.
100 A.D.P. O., 8 J 105 : « Les taillats sont des morceaux de terre inculte aux baixans de la
montagne que quelque habitant de la Roca arrache et travaille pour y semer du seigle
moyennant que celui ci en paye le colloqui au seigneur et à l’université de la Roca par
indivis. ».
101 Pour plus de détails, se référer à la note 43 et au document en annexe.
398