(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
troupeaux sont des pratiques communes, indispensables même durant certaines
périodes de l’année. Libres au sein de nombreux espaces communautaires,
elles sont dans certaines vallées cantonnées, soumises au paiement
d’une redevance, voire prohibées. Le souverain ou les clercs afferment et
prélèvent des droits de pâture sur divers espaces boisés. La localisation géographique
et la composition floristique de ces milieux conditionnent les modes
et les formes d’exploitations et les pratiques pastorales. Dès le XIIe siècle
au moins, la glandée est fréquemment réservée au pacage des porcs40.
Mais au sein de forêts mixtes, le chêne est exploité pour de multiples usages.
Dans les forêts de Las Ayades et de Saint-Guillem de Combret, les hommes
de Prats peuvent couper des branches de royre (chêne) pour leurs troupeaux,
mais il leur est défendu d’abattre aucun chêne à ces fins41.
Si les troupeaux des habitants de Jujols peuvent paître en toute liberté
dans la forêt de Conat42, ceux de Clayra sont soumis au paiement d’une redevance
pour pacager dans la forêt royale de leur territoire. À partir des
sources dépouillées, il est difficile d’apprécier le montant de l’afferme. Dans
les registres de la procuration figurent les propositions de mise en fermage.
Les actes stipulent que la redevance devra être payée comme à l’accoutumée
tous les quatre mois, mais le solde à payer n’est jamais mentionné. C’est
peut être devant notaire que les contrats entre le fermier et le procureur du
roi se signent, et que se fixe définitivement le montant à régler. Comme pour
certaines zones de pacage hors forêt, il semble en fait que le tarif de
l’afferme varie en fonction du type et du nombre de bête qui devra pâturer43.
S’il s’agit de bovins, équidés, ovins ou caprins, les quantités d’herbe broutées
comme les dommages occasionnés varient, et la redevance fluctue. Dans
les forêts où l’accès aux troupeaux est prohibé, la proportionnalité de
l’amende est d’ailleurs fonction de la nature du bétail qui pacage illégalement
(bestia grossa o menuda). Ces dispositions révèlent, comme pour les
forêts à vocation industrielle, que dès le XIVe au moins, les potentialités en
terme de pâturage d’un espace, forestier ou non, sont appréciées au même
titre que les ressources indispensables à chaque type de bétail.
À travers la criée relative au pacage dans le bosch de Clayra, prononcée
en 1330, une disposition particulièrement intéressante est soulignée.
L’acte propose la mise en fermage de la pastura del bosch mais il en interdit
l’accès aux caprins. Une telle restriction à l’égard des chèvres prouve que la
40 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 79.
41 V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit., tome II, 137-138.
42 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 21.
43 Arch. dép. Pyr-Or., 1 B 24, 1330 ; V. Izard, Les montagnes du fer … op. cit., tome II, 143-
145.
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