(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
L’absence d’indice pollinique n’est pas le reflet de sa disparition. Elle traduit
semble-t-il son éradication au niveau des zones basses mises en culture, et sa
réduction en taillis dans les secteurs plus élevés. La hêtraie surexploitée se
présente sous forme d’un taillis soumis à des coupes régulières empêchant
toute fructification des arbres non matures et donc toute pollinisation.
La destruction des peuplements subalpins a été accentuée par le développement
de l’élevage. Dans les secteurs les plus élevés, l’extension des
pâturages est responsable de l’abaissement de la limite supérieure de la forêt.
Au milieu du XIVe siècle, il faut imaginer les zones d’altitude largement
déboisées. Les pinèdes, grignotées par le haut par les pasteurs et leurs troupeaux,
exploitées plus bas pour les besoins charbonniers et la fourniture de
bois marchands, ont considérablement diminué. Dans quelques vallées du
haut Vallespir, ces boisements réduits, ouverts, cantonnés dans des secteurs
difficiles d’accès, ne suffisent plus aux yeux des communautés au pacage et
au refuge des troupeaux.
Le terme de cette dynamique survient au milieu du XIVe siècle. On
assiste alors à une double rupture résultant de faits totalement indépendants,
mais responsables d’un changement radical. Une rupture d’ordre écologique
tout d’abord. Les transformations socio-économico-culturelles qui ont marqué
les temps carolingiens et les lendemains de l’an mil ont abouti à la mise
en place des systèmes agro-sylvo-pastoraux. L’intensification des défrichements
et des prélèvements forestiers qui s’ensuivent provoque un déséquilibre
entre nature et société. Dans de nombreux secteurs, les forêts défrichées
et surexploitées ne répondent plus aux besoins d’une population plus importante.
La phase de mutation médiévale a conduit à un système à bout de
souffle dont le terme paraissait imminent après plus de cinq siècles de pression.
La phase de repli brutale provoquée par la peste apporte une solution à
l’amorce de crise. Mais les événements dramatiques de la fin du XIVe siècle
sont un bien triste remède aux problèmes croissants du manque de bois. La
rupture démographique bouleverse profondément les systèmes d’exploitations.
L’épidémie et la guerre qui font rage sur le pays vont être responsables
d’une dépopulation considérable se soldant nécessairement par une
diminution momentanée des pressions sur un milieu saturé, un espace boisé
restreint et dégradé.
EN GUISE DE CONCLUSION
La démarche croisée entre sciences de la nature et sciences de
l’homme a permis de mettre en évidence la précocité d’une sylviculture des
espaces forestiers dans les Pyrénées méditerranéennes. Tangibles notamment
à travers le développement de la métallurgie, les premiers signes de gestion
des milieux boisés aboutissent à la mise en place d’une réglementation
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