(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
nent également que les – ou le – concessionnaires sont autorisés à déplacer
l’atelier en fonction des disponibilités des ressources forestières, et ce sans
paiement d’une quelconque redevance. Lorsque la mutation de l’établissement
n’est pas prévue dans le contrat, il est parfois convenu que lorsque
la forêt affectée à la forge sera ruinée, les fermiers pourront s’approvisionner
dans d’autres bois, mêmes privés. Dans ces conditions, la redevance
imposée sur le moulin restera due au souverain mais les acaptadors
(concessionnaires) ne seront plus tenus de régler la taxe en fer habituellement
exigée23.
Le souci de gestion se manifeste par ailleurs à travers la limitation du
nombre de feux ou de scies. Le roi autorise l’établissement d’une forge en
prenant soin de préciser le nombre de foyers dont elle sera équipée. Les deux
moulines de Saint-Guillem de Combret seront chacune d’un foch, alors que
la molina de Formiguères pourra être d’un foch o de dos, a volentat des
futurs copropriétaires. Les fermiers de la scierie de Formiguera, pourront
quant à eux l’équiper d’una serra o … dos24. Imposer le nombre de forges au
sein d’un espace forestier à exploiter et de foyers pour chaque établissement,
tout comme le nombre de scieries et de scies qui les équipent montre, qu’audelà
d’un contrôle de la production, les autorités ont une certaine appréciation
des potentialités des forêts. Le chômage d’un atelier occasionné
par le défaut de charbon ou de bois serait certes dommageable pour les pétitionnaires,
mais il se solderait nécessairement par l’interruption du paiement
des redevances dues au royaume.
Ces exemples illustrent clairement tout l’intérêt et la stratégie de la
politique d’autorisation des établissements industriels au XIVe siècle. Une
réelle gestion des ressources forestières et les prémices d’une sylviculture se
mettent en place au sein des espaces réservés à la production des forges et à
la fourniture de bois d’œuvre.
- Les « forêts communautaires »
À côté des forêts exploitées à des fins « industrielles », certains boisements
répondent principalement aux besoins communautaires. Les prélèvements
à des fins domestiques semblent s’exercer sur les espaces les moins
éloignés des zones habitées. Les forêts sont soumises à une exploitation
sylvo-pastorale traditionnelle et les hommes y puisent les bois et toutes autres
ressources indispensables à la vie quotidienne.
23 ibid.
24 ibid., 122-127.
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