(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

LA VERRERIE DU MAS D’EN BONET ...
et Tomasa, nés de son second mariage. Nicolau Dotres meurt en 1683, après
avoir perdu une grande partie de sa fortune98.
LA FORCE DU TERROIR : LES RÉSEAUX ET STRATÉGIES
D’ALLIANCES
Il nous importe de dégager de cette étude, qui est un exemple, le rôle à
la fois social, économique et de pouvoir de nos acteurs dans la communauté.
Celle-ci se définit comme un groupe de maisons et de mas faisant partie d’un
même territoire. Une seule personne est habilitée à participer aux activités
communautaires. Attentive aux maisons qui la composent, la communauté
est indifférente aux individus qui la représentent, tout en étant favorable à
l’aînesse qui assure la stabilité des maisons. Elle admet la fille comme
héritière mais exclut sa représentativité dans les assemblées. Les maisons qui
constituent la communauté disposent des droits civiques et du droit de
participer aux assemblées par l’intermédiaire de leurs représentants. L’image
que la communauté veut donner d’elle même et sa façon de concevoir
l’espace et le groupe social se retrouvent dans la gestion de ses biens. Les
représentants des verreries de l’Albera font souvent partie de maisons ou de
mas et forment un groupe solidaire. Ils sont pour la plupart pagesos et les
seigneurs leur établissent des mas avec faculté de construire une verrerie ; ils
deviennent ainsi vidriers, comme c’est le cas pour Miquel Bonet au Vilar. Ils
ont pour intérêt commun la gestion, sur un territoire, d’un espace qu’ils
s’approprient, qu’ils exploitent et qu’ils essaient de conserver, comprenant
les terres dépendantes du mas, la verrerie et les bois. Dans les documents, ils
sont indifféremment nommés pagès ou mestre vidrier.
On est membre de la communauté si on s’insère d’abord dans le cadre
plus restreint de la famille. Le réseau des alliances matrimoniales décidées
par les parents, conforte le groupe ainsi créé. La famille tend à unir les fils
ou les filles avec des verriers et des pagesos ; pour fortifier les liens, des
doubles mariages sont arrangés. La famille Sobrepere en est un des exemples.
De même, l’articulation entre communauté villageoise et groupe familial,
conduit à les considérer comme une structure englobante à une structure
englobée. Car le groupe familial s’organise autour d’une dynamique de production
et de reproduction qui constitue sa fonctionnalité. L’organisation
familiale dévoile sa rationalité dans sa relation à la communauté entière :
l’on intègre et l’on forme des verriers. C’est le cas de Pere Tallada de
Laroque, marié à la fille du mestre Galderic Sobrepere, qui devient verrier.
98 Fontaine, Denis, art. cit., p. 38-39.
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