(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

LES FORÊTS NORD-CATALANES DU XIIe AU XIVe SIÈCLE ...
DIMENSION SOCIALE ET FONCTION DES ESPACES
FORESTIERS AU MOYEN ÂGE
En Catalogne, les phases de croissance démographique qui marquent
la fin des temps carolingiens et les XIIe-XIIIe siècles, impliquent une accélération
des défrichements et une augmentation des besoins qui affectent directement
le devenir des forêts. Dans la vie des communautés du Moyen
Âge, la silva joue un rôle fondamental. Inutile de s’attarder sur la place
qu’occupent ces espaces, Georges Duby8 et bien d’autres ont souligné
l’importance de ces ressources pour les sociétés médiévales. Rappeler simplement
la nécessité vitale des forêts permet de mieux comprendre, de mieux
apprécier les enjeux qui naissent autour des milieux boisés, et le contexte
dans lequel se met progressivement en place la politique forestière.
Source de revenus pour les uns, moyens de subsistance pour les autres,
la forêt répond à de multiples usages. Outre la récolte de bois de feu
destiné aux besoins domestiques et au chauffage, les paysans récoltent des
feuilles et de l’herbe pour l’alimentation et le paillage des troupeaux, des
racines, des plantes aux multiples vertus et des fruits, compléments indispensables
à leur alimentation. Les peuplements de châtaigniers et de noyers
sont d’ailleurs au sein des chartes de ventes et de donations, fréquemment
individualisés parmi les espaces boisés que l’on cède ou que l’on vend. La
glandée représente peut-être la forêt usagère la plus lucrative, habituellement
réservée au pacage des porcs. Des écorces de chêne et des bois de résineux
on extrait le tanin, la poix et le goudron. Au-delà de la cueillette, on chasse
en forêt toute sorte de gibier, sangliers, cervidés, lapins, perdrix et autres
oiseaux.
Mais la forêt est aussi un espace de transition qui offre aux troupeaux
des abris lors des intempéries et surtout de vastes zones de pacage. C’est elle
qui fournit les terres que l’on essarte ou que l’on défriche. Elle procure le
bois d’œuvre, le menu bois et le charbon destiné aux nombreuses activités
artisanales et proto-industrielles. La sidérurgie et les activités qui en dépendent
sont d’ailleurs de gros consommateurs de bois. Outre les besoins en
combustible pour les forges de réduction, les petits ateliers de transformation
qui se multiplient et se spécialisent à cette époque au même titre que
l’exploitation minière, augmentent plus encore les besoins. La forêt, de plus
en plus convoitée, va voir son équilibre peu à peu menacé.
Ressource indispensable, le bois est considéré comme une matière indéfiniment
renouvelable et la silva apparaît de fait comme un espace inépui-
8 G. Duby, L’économie rurale et la vie des campagnes dans l’occident médiéval, Paris, 1977,
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