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(Cerdagne) : conflits de propriété et d'usage - Centre de Recherches ...

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MARC CONESA<br />

font ériger <strong>de</strong>s murailles à leurs prés27. Les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> communautés<br />

semblent concernées, même si, en l’état <strong>de</strong> travaux déjà commencés, il est<br />

difficile <strong>de</strong> quantifier le processus.<br />

Enclore les prés revient à gar<strong>de</strong>r pour son propre usage le regain, ou<br />

<strong>de</strong>uxième herbe, au lieu <strong>de</strong> la livrer à la pitance <strong>de</strong>s bestiaux, introduits lors<br />

<strong>de</strong> la vaine pâture, en échange <strong>de</strong> leur fumure. Ces fourrages, ainsi réservés<br />

par le propriétaire <strong>de</strong>s prés, servent à l’entr<strong>et</strong>ien <strong>de</strong> ses seules bêtes. Toutefois,<br />

les p<strong>et</strong>its exploitants sont privés d’une ressource en herbe jusqu’ici<br />

considérée comme commune <strong>et</strong> essentielle, surtout dans les communautés<br />

sans montagne. Le nombre important <strong>de</strong> sans-terre, à l’intérieur <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières,<br />

peut aussi s’expliquer par c<strong>et</strong>te restriction, <strong>de</strong> facto, <strong>de</strong> certains usages<br />

collectifs. Quel intérêt <strong>de</strong> tenir <strong>de</strong>s terres si on ne peut plus entr<strong>et</strong>enir les<br />

bêtes <strong>de</strong> labour qui les travaillent ? En fermant les prés, les gran<strong>de</strong>s <strong>propriété</strong>s<br />

asphyxient les p<strong>et</strong>its exploitants.<br />

Les principaux bénéficiaires <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te pratique, qui contribue à une<br />

forte segmentation <strong>de</strong>s espaces, sont les grands propriétaires. Or, il est plus<br />

facile d’enclore les prés dans les communautés sans montagne, où le cheptel<br />

ovin est moins important. En eff<strong>et</strong>, les résistances aux enclosures semblent,<br />

schématiquement, proportionnées au nombre <strong>de</strong> moutons qui bénéficient <strong>de</strong><br />

la vaine pâture. De plus, dans ces communautés, la p<strong>et</strong>ite <strong>propriété</strong> semble<br />

plus fragile <strong>et</strong> les terroirs paraissent ainsi plus propices aux remembrements<br />

<strong>et</strong> aux concentrations foncières. Un indice est à analyser. Le nombre <strong>de</strong> propriétaires<br />

forains28 dans les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> communautés perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> mesurer,<br />

d’une part, leur attractivité <strong>et</strong>, d’autre part, leur <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> perméabilité.<br />

Si, dans les communautés avec montagne, les forains tiennent moins<br />

<strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong>s terres cultivées, ils s’établissent, dans les communautés sans<br />

montagne, sur 22 % <strong>de</strong>s superficies. Ces terroirs semblent, ainsi, plus friables<br />

en perm<strong>et</strong>tant à <strong>de</strong>s forains <strong>de</strong> s’y tailler <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> dimension<br />

importante.<br />

Ainsi, à Caldégas, en 1730, cinq forains concentrent les trois-quarts<br />

<strong>de</strong>s terres cultivées (93 sur 123 hectares). Les <strong>de</strong>ux principaux propriétaires<br />

sont un habitant <strong>de</strong> Llivia avec 19 hectares <strong>de</strong> champs <strong>et</strong> <strong>de</strong> prés <strong>et</strong> Don<br />

27 ADPO, 3E56/421, fº5rº, Capbreu <strong>de</strong> Llo, 1754, la déclaration est celle du principal<br />

propriétaire <strong>de</strong> la communauté : le sieur Girvès. « Item, un p<strong>et</strong>it pred situé audit terroir <strong>de</strong><br />

contenance d’un quart <strong>de</strong> journal <strong>de</strong> terre ou environ appellé la Llonga<strong>de</strong>ra lequel étoit cy<strong>de</strong>vant<br />

<strong>de</strong> trois quarts <strong>et</strong> lorsque ledit Sieur reconnaissant changeat, le chemin qui va <strong>de</strong> sa<br />

maison a l’Eglise dudit lieu en l’année 1712, englobé les restants <strong>de</strong>ux-quarts dans ledit pred<br />

<strong>de</strong>l Solá cy-<strong>de</strong>ssus en l’article précé<strong>de</strong>nt reconnu lorsqu’il entoura le susdit pred <strong>de</strong>l Solá <strong>de</strong><br />

murailles […]».<br />

28 C’est-à-dire non rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la communauté.<br />

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