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ICOM International Council of Museums - International Institute for ...

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Si ce n’est qu’en Méditerranée, l’apparition du riz devient le précieux indicateur d’unplus vaste phénomène. Les Arabo-Berbères – eux-mêmes héritiers des Perses, desNabatéens – y jouèrent un rôle capital dans le renouvellement et le développement dela culture agronomique d’Occident.Plutôt que de circonscrire des territoires, donc poser des frontières, je préfère la fluiditédes passerelles entre cultures, même si les gens ne prennent pas toujours la peine deles emprunter.Puisque le musée de Tabanan a constitué un socle dans le développement de cetterecherche, je commencerai donc par là.Poursuivant avec une synthèse géo-chronologique, pour tisser le fil conducteur d’unelongue marche dans ses multiples étapes vers l’échelle du visible.J’essayerai enfin d’examiner comment ces liens entre l’homme, le temps et l’espace,autour d’une céréale, se traduisent –ou pourraient le faire- dans l’ordre muséal.Le Subak Museum : Dewi Sri, ordinateur et démocratieC’est donc dans cette campagne balinaise que s’est constitué, dès ma première visiteen 1996, mon propre point de vue sur le riz, ancrant toujours plus ma pratique del’histoire dans la géographie.Et c’est en arpentant le musée que m’est aussitôt revenu à l’esprit le célèbreaphorisme de Miguel Torga, « l’universel, c’est le local moins les murs », par quoi ilfaut désigner cet « authentique qui peut être vu sous tous les angles et qui, sous tousles angles, est convaincant comme la vérité ».[5]Un autre fois, en chemin, Mursalin nous faisait remarquer combien les surfacesrisicoles se réduisaient, terrassées par le béton ou l’asphalte d’équipementstouristiques.Phénomène apparemment inexorable puisque, à l’orée du XXIe siècle, plus de 1'000hectares avaient déjà disparu en vingt ans, tandis qu’on estimait à 2,6% par an le tauxde développement au détriment des surfaces agricoles.A telle enseigne que, il y a déjà plus d’un lustre, les paysans manquaient d’eau dans larégence même de Tabanan, que des dizaines de subak n’existaient plus quenominalement et n’avaient plus que leurs petits temples pour honorer la déesse DewiSri, désormais en « chômage technique » si l’on ose l’irréverence.[6]Cette disparition progressive d’un cadre et d’un mode de vie posait du même coup, enfiligrane, à ceux qui pouvaient en prendre conscience, la question de la conservationdu patrimoine et de son interprétation.Ce qui continue d’être dans la quotidienneté (en tant qu’objet, sous <strong>for</strong>me de rite, depratique culturale) n’a pas besoin de discours, encore moins de sauvegarde ; et ils’avère parfois impossible de coordonner l’archive et la vie, l’immédiat et le recul, saufà se situer – ce qui suppose néanmoins une distanciation – dans la perspective d’uncentre d’interprétation ordonné autour de la vie contemporaine.[7]En fait, le Mandala Mathika Subak de Tabanan(Bali) – qui voudrait peut-être s’affirmercomme centre d’interprétation – n’est un musée du riz que par une sorte demétonymie.Le subak, mot sans équivalent réel dans aucune autre langue, désigne un organismesocial unique (attesté dès le XIe siècle) chargé de gérer, outre les affairescommunautaires et rituelles, le système complexe d’irrigation des rizières.[8]115

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