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ICOM International Council of Museums - International Institute for ...

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France en 1797 et restitué en 1815, à l’exception des trois parties de la prédelle, qui setrouvent aujourd’hui au Louvre et au Musée des Beaux-Arts de Tours. Comment, d’unpoint de vue strictement patrimonial, le musée de Tours et le Louvre peuvent-ilsjustifier de ne pas reconstituer dans son intégralité l’œuvre, à l’endroit même pourlequel elle a été conçue par Mantegna au milieu du XVe siècle ?Les musées se comportent souvent en collectionneur et la guerre, qui leur procure lemoyen d’accroître de façon exceptionnelle leur collection, est le révélateur d’unesituation largement répandue. Comme le montre l’exemple du retable de Mantegna, lesmusées privilégient généralement le principe de propriété par rapport à celui deresponsabilité. Les scrupules, la morale s’effacent alors derrière la possibilitéd’acquérir une pièce supplémentaire ou d’en conserver une d’origine douteuse et lapassion du collectionneur est vêtue des habits de l’action patrimoniale. Pour allerjusqu’au bout de la (mauvaise) action, on accuse alors un des acteurs – un boucémissaire - de tous les maux : Napoléon Bonaparte pour l’Italie, qui n’est pour rien, onl’a vu, ni dans la décision du principe des saisies, ni dans son exécution, l’ERR –Einsatzstabe Reichleiter Rosenberg – dont l’activité tout à fait détestable dans laconfiscation des biens juifs est décrite avec <strong>for</strong>ce détails pour mieux glisser sur le faitque beaucoup des œuvres saisies par les hommes de Rosenberg sont aujourd’hui auLouvre et à Orsay. Le volume publié par la DMF, Pillages et Restitutions, estsymptomatique à cet égard : d’un intérêt scientifique très moyen, c’est surtout unensemble de textes « politiquement corrects » où l’action des musées est décrite defaçon héroïque face à la menace de la barbarie nazie.Il faut souligner le fait que tous les musées et tous les conservateurs ne doivent pasêtre logés à la même enseigne. Ainsi par exemple, à trois reprises, l’Association desMusées américains (AAM) s’est élevée avec succès contre des pratiques douteuses.En 1945, l’armée américaine décide d’emporter aux Etats-Unis un ensemble de 202chefs d’œuvre européens parmi les tableaux et les sculptures retrouvées dans lesdépôts nazis. Les personnes chargées d’exécuter le transfert – dont le CapitaineFarmer – et les musées américains s’élèvent avec véhémence contre cette spoliationet les USA doivent ramener les tableaux en Allemagne en 1949.Après la Conférence de Washington sur la restitution des biens spoliés aux juifs, l’AAMconseille à ses membres d’effectuer des recherches systématiques sur l’origine destableaux qu’ils détiennent, elle définit des procédures et elle encourage une politiquede restitution systématique.Après le pillage du Musée national des Antiquités de Bagdad en 2004, les musées etles archéologues américains suscitent une campagne de sensibilisation etd’in<strong>for</strong>mation – notamment via un site Internet – pour lutter contre l’acquisition par desmusées ou des collectionneurs américains, des objets volés à Bagdad.Au nom de la patrieLa guerre se nourrit de patriotisme, avant, pendant et après le conflit. Le muséeconstitue un instrument de choix dans cette perspective, en particulier dans lapréparation des esprits. Les Heimatmuseen, musées d’ethnographie régionaleallemands, sont utilisés dans l’entre-deux-guerres pour exalter l’appartenance auterroir et les valeurs rurales traditionnelles, dans la ligne de l’idéologie nationalistegermanique que le régime nazi exploitera et amplifiera jusqu’à conduire l’ensemble dupeuple allemand à l’acceptation de la guerre européenne. La Maison du Pays rhénan(Haus der Rheinischen Heimat) inaugurée à Cologne le 21 mai 1936 par le Dr. JosephGoebbels, ministre de la Propagande, en constitue un exemple remarquable, d’autantqu’il met en œuvre une muséographie et une scénographie réellement novatricesdestinées à parler au peuple : « il s’agissait là d’une voie nouvelle, conduisant dumusée des savants et des esthètes, vers le musée populaire allemand » x . Cet exempleest assez connu pour qu’on ne s’y attarde pas. D’autres situations sont plus250

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