ICOM International Council of Museums - International Institute for ...

Les Etats- nations instituent des programmes politiques et des systèmes administratifsspécialisés dans la gestion du passé, et c´est pourquoi les musées apparaissentassociés à la formation des Etats européens, et qu´ils fonctionnent comme porte paroled´une certaine conscience nationale et aussi comme un système de représentation desvaleurs de ces États. Les musées, d´ailleurs, sont les support de l´éducation artistique,scientifique et civique des citoyens.En Amérique Latine le système des musées semble être conçu sous le syndrome de lanation aspirant à devenir État, si caractéristique des modernes états- nationeuropéens. Dans un programme politique de l´espace public les nouvelles nations, afinde revendiquer leur droit à l´autonomie et à l´existence, adoptent des langages et dessystèmes de représentation analogues à ceux des nations dont ces pays se sontlibérés.Le cas d´Argentine peut bien être appliqué à d´autres pays d´Amérique du Sud. Il yexiste une élite consciente que la construction d´une nation impliquait des questionsmilitaires et économiques aussi bien que la conformation d´une conscience nationalehomogène, et ceci chez une population qui, pourtant, a des origines diverses. Lesclichés parlant des « beautés nationales », de « mille paysages argentins », de« l´extraordinaire richesse encore inexploitée » et « le creuset des races », sontnettement encouragés depuis l´éducation publique, les médias, la plume des hommesillustres de la patrie, depuis l´effort de la formation de musées et la récupération desmonuments historiques, dont, très nombreux sont devenus des Musées.La création des Musées nationaux et les changements dans la valorisationhistorique de l´héritage espagnolEntre 1850 et 1880, en Argentine, les canons « hispano- créoles » ont été délaissés.Les élites dirigeantes, avec de différentes nuances, ont construit une nouvelle cultureindépendante et révolutionnaire sur la base du présupposé d´un consensus nonénoncé : le refus de l´héritage espagnol. L´Espagne représentait encore une volontéd´assujettissement impériale, mais aussi et surtout, elle était reconnue comme modèled´oppression féodale et confessionnelle. On cherchait alors à le remplacer avec denouvelles valeurs laïques et républicaines.« Dans l´itinéraire du rapport entre le passé colonial, les secteurs de la pensée et lesacteurs culturels, vers 1880, on a construit la nation. L´état national l´a réalisée sous laforte influence d´une conscience libérale et contre l´Espagne. » 3Les transformations sociales produites par le flot des immigrants arrivés vers la fin duXIXº siècle, et les conséquences des épuisantes luttes lors de reformes dansl´organisation nationale, ont abouti à une longue période pendant la quelle on aréexaminé les faits du passé.Les nouveaux venus exigeaient une participation chaque fois plus importante dans lesdébats pour l´accès au pouvoir économique et politique, par conséquent le vieux« patriciat créole » s´est vu porté à chercher dans les origines espagnoles le soutienfondateur de sa condition. On contestait la valeur du présupposé contre l´Espagnecomme une manière de se légitimer.Petit à petit, une vision idéalisée de la période de domination espagnole a étéconformée. L´intérêt envers les œuvres qui avaient été refusées auparavant par leurstyle, s´est accru, comme une révélation retrouvée du caractère populaire.On affirmait la prééminence hispanique en tant que facteur d´unité de différentesmanifestations du style colonial américain, dit « restauration historique ». L´État y jouaitun rôle clé dans la formation de la conscience et de l´identité collectives.Quant au point de vue historiographique, la connaissance et la diffusion de beaucoupd´aspects du passé local y ont trouvé leur place. Les musées dans leur dimension3 María Inés RODRÍGUEZ AGUILAR, Miguel RUFFO. “ESTADO Y PATRIMONIO. La gestión de la Colección Jesuítica en el Museo HistóricoNacional”.420