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ICOM International Council of Museums - International Institute for ...

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Acquisition par rétention, ensuite. Des objets de musée, des œuvres d’art, arrivées aumusée par les « hasards » de la guerre, y restent parfois après la fin des conflits,malgré les opérations de restitution intervenues. On estime que plus de deux millionsd’œuvres d’art, de documents d’archive et d’objets de musée se trouvent encoreaujourd’hui dans des musées russes, objets emportés en 1945-46 par l’arméesoviétique à Berlin, à Dresde et dans d’autres villes allemandes et jamais restituésmalgré les différents accords intervenus en ce sens vii . Le célèbre « Trésor de Priam »,aujourd’hui au Musée Poushkine à Moscou, fait partie du lot. Les musées qui lesdétiennent refusent de les restituer et s’ingénient à trouver « de bonnes raisons » pourles garder. En France, « l’affaire des MNR » défraye la chronique muséologique depuisune dizaine d’années. C’est pour y mettre fin que fut organisé, par la Direction desMusées de France, le colloque dont le volume Pillages et restitutions est le compterendu.Le fonds MNR – « Musées nationaux Récupérations » – est constitué desœuvres retrouvées dans différents dépôts et cachettes en Allemagne en 1945 et quel’origine française a conduit à restituer à la France. La grande majorité de ces piècesont été rendues à leur légitime propriétaire. Il n’en reste pas moins plus d’un millierd’œuvres d’art dont le propriétaire n’a pas été retrouvé, ou plutôt recherché, et quin’ont pas été réclamées. Elles sont déposées dans les grands musées nationaux : 500au Louvre, au moins 110 à Orsay, selon Hector Feliciano, un journaliste qui a dénoncécette situation en 1995 viii . Cette situation n’est pas propre à la France. La Conférencede Washington de 1998 sur la restitution des biens spoliés aux juifs pendant laSeconde Guerre mondiale – il ne s’agit pas seulement d’œuvres d’art – a conduit laplupart des pays concernés à mettre en place une politique volontariste de restitution,notamment par la création d’une commission pour faciliter les recherches de propriété.Les musées ont adopté des attitudes diversifiées par rapport à la Déclaration deWashington. Certains – notamment les musées américains et allemands - ontcollaborés activement à la recherche en exécutant une enquête systématique sur lesacquisitions suspectes (celles entre 1938 et 1945) ; d’autres ont fait le gros dos ;d’autres enfin, dont la DMF, se sont démenés pour montrer qu’ils n’étaient pascoupables et qu’ils avaient fait tout ce qu’ils pouvaient pour restituer les œuvres.Cette situation n’est pas neuve : de nombreuses œuvres saisies par les arméesrévolutionnaires françaises entre 1794 et 1815 se trouvent encore aujourd’hui auLouvre et dans d’autres musées français, notamment en province. Rappelonsbrièvement les faits. A l’été 94, l’armée de la République conquiert définitivement laBelgique et la Convention décide de « libérer » les œuvres d’art des tyrans qui lesdétiennent en amenant les chefs d’œuvre au Louvre : « Les fruits du génie sont lepatrimoine de la liberté. […] Trop longtemps ces chefs-d’œuvre avaient été souillés parl’aspect de la servitude : c’est au sein des peuples libres que doit rester la trace deshommes célèbres » ix . La campagne d’Italie, en 1796-97, voit l’application de la mêmepolitique. Une Commission des Monuments d’Italie est envoyée pour opérer les saisieset organiser les transports. Cette commission, présidée par le mathématicien GaspardMonge, agit sur ordre de la Convention, indépendamment de l’armée, et toutes lessaisies en Italie sont exécutées en vertu des traités de paix (dont le Traité de Tolentinoconclu avec le Pape) et d’accords négociés. Sous l’Empire, d’autres confiscationsseront opérées en Allemagne et en Espagne par Dominique Vivant Denon, le premierconservateur du Musée du Louvre. En 1815, une vaste opération de restitution a lieusous la supervision des armées alliées. Cependant, de nombreuses œuvres restent enFrance, en particulier dans les musées de province, suite aux négociations derestitution ou par ignorance des commissaires autrichiens et prussiens. D’un point devue juridique, elles appartiennent maintenant à la France. C’est incontestable. Maisqu’en est-il du point de vue patrimonial ? Un exemple : le retable de la Vierge enMajesté d’Andrea Mantegna, peint de 1457 à 1459, pour le chœur de la basilique SaintZénon à Vérone où il se trouve encore. Partiellement. Le retable est emporté en249

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