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ICOM International Council of Museums - International Institute for ...

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musée, daté du 20 octobre 1982, en fait un organisme autonome à caractèreadministratif et culturel dénommé «Musée du Panthéon National haïtien, désigné sousle sigle: MUPANAH». Un autre décret affecte «le Mausolée des Pères de la Patrie àtitre de local du Musée du Panthéon national haïtien» 30 . En 1983, la famille Duvalierfonde l’INAHCA, Institut national haïtien de la culture et des arts (loi du 30 juin), qui apour mission de définir et d’exécuter la politique culturelle du gouvernement etregroupe un certain nombre d’établissements dont le MUPANAH. L’INAHCA n’a passurvécu à la chute de Jean-Claude Duvalier en 1986 et les organismes qui leconstituaient, après une période de flottement quant à leurs ministères de tutelle, ontété rattachés au Ministère de la culture, créé en 1988.Le MUPANAH a recueilli l’ensemble du fonds du Musée National. Il traduit toutefoisune conception patrimoniale sensiblement élargie par rapport à celle sur laquellereposait le Musée National. L’entreprise menée sous Vincent se base sur une visionfoncièrement historicisante, alors qu’elle s’inscrit dans le contexte de l’émergence(années 1910-1930) puis de la consolidation (1940-1950) de l’école haïtienned’ethnologie qui a opéré une redéfinition de la communauté haïtienne. Celle-ci ne seconçoit point exclusivement à partir d’une légitimité politique conférée par la conquêtede l’indépendance, mais aussi, désormais, par ses composantes culturelles, dontcertaines héritées d’Afrique, comme le vodou. L’ethnologie procède ainsi à unélargissement de l’horizon du patrimoine commun que réfute la politique patrimonialede l’administration Vincent qui, au contraire, maintient ou réintroduit la prohibition duvodou, expression d’un état de barbarie aux yeux d’une certaine élite. Celle-ci acceptetout au plus une valorisation du vodou qui procède à sa folklorisation. Un processuseffectivement engagé 31 qui n’empêchera pas l’État de s’associer à une grande« campagne antisupertitieuse » menée contre le vodou par le clergé catholique(breton) en 1941. C’est pour tenter de sauver la mémoire d’une religion vouée àl’autodafé que Jacques Roumain obtient du gouvernement d’Élie Lescot (1941-1946) lacréation, en 1941, d’un Bureau d’ethnologie doté d’un musée. Le Bureau fera partie del’INAHCA en 1983. Le contexte du début des années 1980 n’est décidément plus lemême que celui de la fin des années 1930. On verra le MUPANAH exposer des objetsvodou. Le nouveau musée s’enrichira d’artefacts précolombiens issus de la collectiondu musée du Bureau d’ethnologie. Il dispose d’une galerie qui recevra des expositionsde peinture haïtienne contemporaine, la création picturale, plastique plus largement,ayant connu un développement sans précédent dans le pays depuis les années 1940.Je ne m’attarderai pas sur les soubresauts qu’à connus le MUPANAH depuis 1986, nisur les ef<strong>for</strong>ts d’un « recentrage » sur sa « vocation historique » qui semble sedessiner depuis peu. Je noterai qu’il a été conçu dans une perspective plus ou moinsencyclopédique, comme le Musée National et le Palais du Centenaire, chaqueétablissement portant l’empreinte du contexte de sa création, de la conception globalealors en vigueur des éléments constitutifs du patrimoine national. D’autres paramètresconfirment l’inscription du Palais dans cette généalogie. Certes Catts Pressoir nousapprend que l’édifice de 1904 est démoli en 1952 après être laissé à l’abandon. Celasignifie qu’il avait été préalablement désaffecté, probablement en 1938 au pr<strong>of</strong>it dunouveau Musée National. Reste à documenter cette proposition pour laquelle je nedispose que de quelques indices pour l’instant. Trois œuvres conservées actuellementau MUPANAH, et qui étaient exposées au Musée National 32 , pourraient avoir étécommandées par Nord Alexis pour le Palais de l’Indépendance. La première est untableau anonyme intitulé Proclamation de l’indépendance. La seconde, une peintureattribuée à Louis Rigaud, montre la cérémonie de Bénédiction des drapeaux lors de la30 Le Moniteur, jeudi 21 octobre 1982.31 Kate Ramsey, « Without One Ritual Note: Folklore Per<strong>for</strong>mance and the Haitian State, 1935-1946», Radical HistoryReview, 84, 2002, pp. 7-41; «Prohibition, persecution and per<strong>for</strong>mance: anthropology and the penalization <strong>of</strong> Vodou inthe Mid-Twentieth Century», Gradhiva, n. s., no 1, 2005, pp. 165-179.32 Luis Marinas, «La peinture haïtienne», Le Nouvelliste, 27 janvier 1964 ; Michel-Philippe Lerebours, Haïti et ses peintresde 1804 à 1980. Souffrances et espoirs d’un peuple, Port-au-Prince, Imprimeur II, 1989, t. I, p. 157.171

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