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ICOM International Council of Museums - International Institute for ...

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destiné à recevoir les restes de Dessalines et de Pétion où ils y sont demeurés jusqu’àleurs transferts au Musée du Panthéon national haïtien le 2 avril 1983; où les restessymboliques de Toussaint – mort au Fort de Joux dans le Jura français – les ont rejointquelques jours plus tard, le 7 avril.Pendant toute la première moitié du XXe siècle, à partir de 1904, l’aire du Champ-de-Mars, a connu de multiples réaménagements, jusqu’à l’intégration des petites placesadjacentes en un vaste espace désormais étendu sur onze carreaux de terre (1carreau=1ha29), que les architectes ont cherché à inscrire dans un tout harmonieux.En octobre 1945, il devient, par décision communale, la place des héros del’indépendance. Pour le centenaire de l’indépendance, le président Nord Alexisinaugure en ce lieu deux monuments, l’un à Pétion et à l’autre à Dessalines. En 1953,dans un Champ-de-Mars complètement réaménagé, on dresse quatre monumentstoujours en l’honneur des héros de l’indépendance : une statue équestre deDessalines, une statue en pied de Pétion, une statue équestre de Christophe, unestatue en pied de Toussaint. D’autres figures viendront s’y ajouter par la suite.Aménagé au centre politique du pays, le Champ-de-Mars, place des héros del’indépendance, apparaît, en fin de compte, comme une concrétisation de laconstruction en plein air du panthéon national. Placé en ce lieu, le Musée du Panthéonnational haïtien fait littéralement redondance. Cela dit bien à quel point la réélaborationdu récit national s’articule, depuis la fin du XIX e siècle, autour des principales figuresde l’épopée de l’indépendance.Plusieurs facteurs ont rendu possible cette cristallisation à la fin du XIX e siècle. Lagénération des hommes qui avaient fait la guerre et avaient recueilli le pouvoirdisparaissait progressivement. Leurs influences immédiates respectives s’estompaientet certains conflits de clans apaisés. D’où la nécessité d’un réaménagement du récitnational en vue de la transmission aux nouvelles générations. De plus, le nouvel État-Nation ayant pris ses <strong>for</strong>mes, la référence aux figures étrangères, auxquelles oncomparait (et/ou se comparaient) les premiers chefs politiques (à travers des galeriesde portraits et des écrits), devenait de moins en moins nécessaire en regard del’autonomisation de la stature des « Grands hommes nationaux ». D’autant que laparution entre temps (à partir de 1848-1850) de volumineuses études sur l’histoired’Haïti apportait aussi bien des détails significatifs qu’une vue (historienne) d’ensemblesur les événements passés. Apparu avec l’instauration du culte des héros, le muséenational haïtien en serait même une des expressions. Au cours du XIX e siècle, sous leculte de la liberté, on assistait à l’autohéroïsation des chefs. Avec la mise en place duculte des héros, c’est à travers l’identification à telle ou telle figure héroïque que passele jeu. Les initiateurs des trois états du musée national se sont clairement engagésdans un procès d’identification aux héros nationaux.Tout cela se comprend dans une perspective élargie qu’on peut synthétiser enévoquant une combinaison de trois paramètres: une conscience partagée desévénements passés, un modèle social 35 , une idéologie de pouvoir. À l’issue de lalongue période révolutionnaire (1789-1804), la conscience d’un changement dansl’ordre des choses et d’y avoir contribué à un niveau ou à un autre semble largementpartagée. Ce qui fonde un sentiment commun d’appartenance que le discoursrévolutionnaire n’a pas manqué d’énoncer. Ce sentiment crée <strong>for</strong>cément des attentesqu’une nouvelle structure sociale devait satisfaire. Le modèle social haïtien, inventédans la mouvance révolutionnaire sous certaines contraintes, répond avant tout auxaspirations des nouvelles élites émergentes. N’étant pas conçu pour combler toutes lesattentes générées par le changement survenu dans l’ordre des choses, un travaild’ajustement de la conscience du passé à sa mesure devenait impératif. D’oùl’élaboration d’une idéologie de pouvoir remodelant cette conscience commune sous35 Sur le modèle social haïtien, cf. Carlo A. Célius, « Le modèle social haïtien. Hypothèses, arguments et méthode »,Pouvoirs dans la Caraïbe, série Université de juillet, «Session 1997 », 1998, pp. 110-143 ; « De Saint-Domingue à Haïti.L’invention d’un modèle social », in Tristan Landry et Clemens Zobel, dir., Postcolonialisme, postsocialisme, postérité del’idéologie, Paris, EHESS, Ceaf, « Dossiers Africains », 2000-2001, pp. 69 - 81.173

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