ICOM International Council of Museums - International Institute for ...

plans d’eau préparés pour recevoir les jeunes pousses (promesse de récolterenouvelée, toujours pareille et à chaque fois diverse) et le musée, qui devrait porter ettenir les mêmes promesses en labours et récoltes de mémoire et d’interprétation.Quant aux musées d’histoire, lato sensu, G.-H.Rivière estimait que leur missionconsistait à « étendre leur champ au-delà de l’événement et de l’homme vedette, pouratteindre la société globale sous ses aspects de tous les jours, mettre en parallèle ledéveloppement économique et les changements qui en résultent dans l’environnementnaturel, inspirer la compréhension et le respect mutuel des cultures historiques et descultures contemporaines, mesurer les problèmes de l’aujourd’hui et du demain ».Tautologie, soutiendra-t-on ?Toujours est-il que, un quart de siècle après, une telle aspiration conserve à mes yeuxtoute sa valeur ; à condition bien sûr que la représentation des sociétés à elles-mêmeset aux autres s’avère évolutive, tenant compte des modifications d’échelle induites parla mondialisation.Et je ne vois nulle redondance à rappeler des principes éthiques, bien au contraire ;tant il est vrai que, depuis les années ’80 du siècle dernier, la marchandisation de laculture a, hélas ! gagné la sphère muséale (expositionnelle), pervertissant tropsouvent, en la supplantant, l’authenticité du processus médiateur.D’un autre côté, l’exhortation au « respect mutuel des cultures » revêt une crianteactualité, si l’on considère l’état de régression dans lequel nous sommes tombés,résultant pour une bonne part du mépris de l’homme, corollaire obligé de la« financiarisation » aveugle du monde.Une identité assumée et sublimée peut être gage d’ouverture au monde ; tandis qu’uneidentité bafouée, violentée, porte en gésine rejet de l’autre, violence et destruction.Sachant de plus que, selon certains, la stratégie actuelle consisterait à nourrircontinûment l’angoisse de l’individu, à l’isoler, pour l’amener à consommerexponentiellement – à titre de décompression anxiolytique… - on peut légitimement sedemander si les acteurs du domaine patrimonial et muséal doivent prêter main-forte -fût-ce en se fustigeant, mais pour rester dans le flux du « culturellement correct » - auformatage du marché et des esprits.La question fondamentale, récurrente, tous niveaux confondus, a été, reste etdemeurera de déterminer si le musée (quel qu’en soit le profil) demeure le lieu de lamise en forme et de la visualisation des savoirs autour des objets.Ou s’il est inéluctablement condamné à constituer un des maillons d’une société duspectacle, infantilisante par son obsession ludique, lieu d’une médiatisation plus oumoins tonitruante en quête de succès volatil (« Raffaello è pronto per lo spettacolo »vantait récemment la propagande de la rétrospective-événement autoproclamé…).[20]Bien que notre sujet ne constitue pas (pas encore ?) un « article d’appel » alimentantune stratégie consumériste - ces réflexions (avivées par la répulsion que m’inspirentcertaines « performances » récentes), doivent néanmoins nourrir notre constantevigilance, conceptuelle et opérationnelle, dans l’interprétation de la civilisation du riz etson évaluation.Considérant que l’immense majorité de ce patrimoine risicole se situe en dehors del’hémisphère nord-occidental, il y aura lieu de tempérer parfois l’approche (tropeuropéocentriste ?) en la relativisant, tout en recherchant assidûment les occasions deréel dialogue et partenariat.[21]122