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UN MUSÉE HUMANISTEZeev Gourarier - France«La grande désillusion », ainsi pourrait s’appeler le XXe siècle passé qui, commençaavec éclat autour des ambitions incarnées par les expositions universelles poursombrer dans le cauchemar d’Auschwitz et se déchirer sans fin aux barbelés de tousles goulags du monde. Le Musée de l’Homme, appuyé au Parvis des Droits del’Homme, grand vaisseau de pierres, lancé en 1879 puis en 1937 par deux expositionsuniverselles, est encore tout chargé des rêves de science, de progrès et d’humanismedes générations d’avant la Grande Guerre. Il est l’enfant des Lumières et en particulierde Buffon quand il écrit son Histoire Naturelle de l’Homme pour définir l’existence d’uneseule espèce humaine comme il est le fruit d’une réflexion des savants à l’heure où lerayonnement intellectuel de la capitale est encore à son zénith et que le fondateur del’Institution, Paul Rivet affirme : « L’humanité est un tout indivisible, non seulementdans l’espace, mais aussi dans le temps ». Porteur de toutes les aspirations en unehumanité mieux comprise et plus fraternelle, le Musée de l’Homme est unique aumonde, tant par son intitulé que par son programme même : mettre l’être humain aumusée pour percer les secrets de sa nature, de son esprit et de sa culture. Un telprojet, conçu dans un passé qui croyait, en l’Homme, en son avenir, en ses réalisationsa-t-il toujours du sens aujourd’hui, quand s’est effondré le mur de Berlin et qu’il n’y aplus de certitudes ? Plutôt que de poursuivre une ambition universelle comparable àcelle, dans le domaine des Beaux Arts, du Musée du Louvre ou, dans celui dessciences et techniques, des Arts et Métiers, l’heure n’est-elle pas à un retour aucloisonnement des savoirs, à l’affirmation, jusqu’à l’isolement, des identitéscommunautaires donc à la spécialisation des musées à l’intérieur de projets«scientifiques et culturels» contenus dans des définitions toujours plus étroites?La rénovation du Grand Musée de la Colline de Chaillot se fonde, au contraire, sur laconviction que l’introversion et le repli sur soi sont les plus sûrs chemins pourrenouveler les tragédies du siècle passé et qu’un projet consacré à l’Homme, à sanature, à sa culture et à son adaptation à tous les lieux de la planète n’a d’autreambition que de faire connaître à quel point chacun d’entre nous partage avec sessemblables, des modes de fonctionnements, des rapports à l’environnement et unehistoire planétaire qui lui sont communs. Animé par la volonté de rendre accessible àtous les avancées des sciences de l’Homme quant aux capacités et aux réalisationsdes autres espèces semblables à la nôtre, aux origines du genre humain, auxréponses que les sociétés ont trouvé aux questions qu’elles se sont posées depuis desmillénaires, le Musée de l’Homme se veut un lieu d’ouverture sur le monde et dedécloisonnement des disciplines. S’ouvrir sur le monde, c’est rechercher l’échange etle partage à tous les niveaux d’intervention, que ce soit par le contenu : diversité dessavoirs, des apprentissages et des cultures développées par Homo Sapiens, ou que cesoit par le contenant : entre les différentes disciplines qui construisent les sciences del’Homme comme entre les avancées de la recherche et leur diffusion auprès du grandpublic.Préfiguration du Nouveau Musée de l’HommeIntroduction :«La grande désillusion », ainsi pourrait s’appeler le XXe siècle passé qui, commençaavec éclat autour des ambitions incarnées par les expositions universelles poursombrer dans le cauchemar d’Auschwitz et se déchirer sans fin aux barbelés de tousles goulags du monde. Le Musée de l’Homme, appuyé au Parvis des Droits del’Homme, grand vaisseau de pierres, lancé en 1879 puis en 1937 par deux expositionsuniverselles, est encore tout chargé des rêves de science, de progrès et d’humanisme266