Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. pi
II en parla fort férieufement à la reine fa mère ,
qui n'en fit que rire. Ne voudriez- vous point,
mon fils , lui dit-elle , aller en Egypte fur la
foi de ce beau fongc ? Pourquoi non, madame,
répondit Zeyn , penfez-vous que tous les fon-
ges foient chimériques? Non, non, il y en a
de myftérieux. Mes précepteurs m'ont raconté
mille hiftoires qui ne me permettent pas d'en
douter. D'ailleurs , quand je n'en ferois pas
perfuadé , je ne pourrois me défendre d'écou-
ter mon fonge. Le vieillard qui m'eft apparu,
avoit quelque chofe de furnaturel. Ce n'eft point
un de ces hommes que la feule vieillefie rend
refpedables : je ne fais quel air divin étoit ré-
pandu dans fa perfonne. Il étoit tel enfin qu'on
nous repréfente le grand prophète ; & fi vous
voulez que je vous découvre ma penfée, je
crois que c'eft lui qui , touché de mes pei-
nes , veut les foulager. Je m'en fie à la con-
fiance qu'il m'a infpirée ; je fuis plein de
fes promeffes , & j'ai réfolu de fuivre fa voix.
La reine effaya de l'en détourner, mais elle
n'en put venir à bout. Le prince lui laifTa
la conduite du royaume , fortit une nuit du
palais fort fecrètement , & prit la route du
Caire fans vouloir être accompagné de per-
fonne.
Après beaucoup de fatigue & de peine, il