Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

42'5 Les uîLtt et une Nuits,
tience au moins quelques jours pour éprouve^
fî cette traverfe ne finlrolt point. Il le laifTa ;
& il revint rendre réponfe au fultan , à qui il
avoua de bonne-foi que la chofe n'étoit que
trop vraie , après ce qu'il venoit d'apprendre
de fon fils. Sans attendre même que le fultan
lui parlât de rompre le mariage , à quoi il
voyoit bien qu'il n'étoit que trop difpofé , il
le fupplia de permettre que fon fi's fe retirât
du palais , & qu'il retournât auprès de lui ,
en prenant pour prétexte qu'il n'étoit pas
jufle que la princefTe fût expofée un moment
davantage à une perfécution fi terrible pour
l'amour de fon fils.
Le grand-vifir n'eut pas de peine à obtenir
ce qu'il demandoit : des ce moment le fultan
qui avoit déjà réfolu la chofe , donna fes or-
dres pour faire celler les réjouiflances dans
fon palais & dans la ville , & même dans
toute l'étendue de fon royaume , où il fit
expédier des ordres contraires aux premiers ;
& en très-peu de tems toutes les marques de
joie & de réjouilfances publiques cefsèrent
dans toute la ville & dans le royaume.
Ce changement fubit & fi peu attendu ,
donna occafion à bien des raifonneraens dif-
férens : on fe demandoit les uns aux autres
d'où pouvoit venir ce contre-tems j èc Von