Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 231
quelques momens après, en revenant comme d'un
profond fommeil , fans pourtant changer de pofture
; il me femble , dit-il , que je fuis Abou
HaiTan , que vous êtes ma mère , ôc que je fuis
dans ma chambre. Encore une fois, ajouta-t-il
-en jetant les yeux fur lui & fur tout ce qui
fe préfentoit à fa vue , je fuis Abou Hciflan ,
je n'en doute plus ; & je ne comprends pas
•comment je m'étois mis cette rêverie dans la
tétc.
La mère crut de bonne foi que fon fils étoLt
guéri du trouble qui agitolt fon cfprit ^ àc
qu'elle attribuoit à un fonge. Elle fe préparoit
même à en rire avec lui & à l'interroger fur
ce fonge, quand tout-à-coup il fe mit fur fon
féant ; & en la regardant de travers : Vieille
forcière, vieille magicienne, dit-il, tu ae fais
ce que tu dis : je ne fuis pas ton fils , & tu
n'eft pas ma mère. Tu te trompes toi-même:,
& tu veux m'en faire accroire. Je te dis que
je fuis le commandeur des croyans , ôc tu rie
me perfuaderas pas le contraire.
De grâce , mon fils , recommandez-vous à
dieu , & abftenez-vous de tenir ce langage , de
crainte qu'il ne vous arrive quelque maiheur ;
parlons plutôt d'autre chofe , & laiflez - moi
vous raconter ce qui arriva hior dans notre
quartier à l'im^an de notre mofquée & à quatre
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