Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 27
toit que pour des ati'aires de la dernière impor-
tance, encore prenoit-il le tems que fa dame
repofoit; car il ne pouvoit le réfoudre à per-
dre un (eul des momcns qu'il lui étoit permis
de pafler auprès d'elle. Il n'étoit occupé que
de fa chère Tourmente , qui , de fon côté en-
traînée par fon penchant , lui avoua qu'elle n'avoit
pas moins d'amour pour lui ,
qu'il en avoit pour
elle. Cependant quelque épris qu'ils fufient l'un
de l'autre , la confidération du calife eut le pou-
voir de les retenir dans les bornes qu'elle exi-
geoit d'eux. Ce qui rendoit leur paillon plus
vive.
Tandis que Tourmente, arrachée , pour amfi
dire , des mains de la mort , palToit (i agréable-
ment le tems cliez Ganem, Zobéïde n'ccoît pas
fans embarras au palais d'Haroun Alrafcaid.
Les trois efclaves , miniftres de fa vengeance,
n'eurent pas plutôt enlevé le coifre , fans favoir
ce qu'il y avoit dedans , ni même fans avoir
la moindre cur^ofité de l'apprendre , comme
gens accoutumés à exécuter aveuglément fes
ordres , qu'elle devint la proie d'une cruelle
inquiétude. Mille im.portunes réHexions vinrent
troubler fon repos. Elle ne put goûter un mo-
ment La douceur du fomm.eil ; elle pafia la nuit
à rêver aux moyens de cacher fon crime. Mon
époux, difoit-elie, aime Tourmente plus qu'il