Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

I2S Les mille et une Nuits,
voyageurs qu'il a remarqués de loin dans la
plaine. Tu n'a pas de tems à perdre, & je ne
fais pas même fi par une prompte fuite tu pour-
ras lui échapper.
Elle n'eut pas achevé ces mots que le nègre
parut. C'étoit un homme d'une grandeur dé-
mefurée & d'une mine effroyable. Il montoit
un puiffant cheval de Tartarie , & portoit un
cimeterre fi large ^ fi pefant , que lui feul pou-
voit s'en fervir. Le prince l'ayant apperçu ,
fut étonné de fa taille monftrueufe. Il s'adreiTa
au ciel pour le prier de lui être favorable ;
enfuite il tira fon fabre , & attendit de pié ferme
le nègre , qui , méprifant un fi foible ennemi
le fomma de fe rendre fans combattre; mais
Codadad fit connoître par fa contenance qu'il
vouloit défendre fa vie, car il s'approcha de
lui & le frappa rudement au genou. Le nègre
fe fentant bleffé , pouffa un cri fi effroyable ,
que toute la plaine en retentit. Il devient fu-
rieux , il écume de rage , il fe levé fur fes
étriers , & veut frapper à fon tour Codadad de
fon redoutable cimeterre. Le coup fut porté
avec tant de roideur, que c'étoit fait du jeune
prince , s'il n'eut pas eu l'adrelTe de l'éviter en
faifant faire un mouvement à fon cheval. Le
cimeterre fit dans l'air un horrible fifflement. Alors
avant que le nègre eut le tems de porter un
,
fécond