Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

14^ Les mille et une Nuits,
fouffriroit trop de vous voir entre les bras àà
mon ami. A ces mots, il prit ce malheureux
prince qui -étoit lié , & le jeta dans la mer ,
malgré tous les efforts que je pus faire pour l'ea
empêcher.
Je pcuflai des cris effroyables à cette cruelle
adion; & je m.e ferois indubitablement préci-
pitée dans les flots , fi le pirate ne m'eût re-
tenue. Il vit bien que je n'avois point d'au-
tre envie ; c'eft pourquoi il me lia avec des
cordes au grand mât ; & puis mettant à la
voile , il cingla vers la terre où il alla def-
cendre. Il me détacha, me mena jufqu'à une
petite ville , où il acheta des chameaux , des
tentes & des efclaves , & prit enfuite la route
du Caire, dans le deflein, difoit-il toujours,
de m'aller préfenter à fon ami & de dégagée
fa parole.
Il y
avoit déjà plufieurs jours que nous
étions en marche , lorfqu'en paflant hier par
cette plaine , nous apperçûmes le nègre qui
habitoit ce château. Nous le prîmes de loin
pour une tour ; & lorfqu'il fut près de nous ^
à peine pouvions - nous croire que ce fût un
homme. Il tira fon large cimeterre , & fomma
le pirate de fe rendre prifonnier , avec tous
fes efclaves & la dame qu'il conduifoit. Le cor-
iâke avoit du courage , -& fécondé de tous (qs