Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 315
*^ous prie de me lailTer la liberté d'envoyer
auilî quelque perfonne de ma part chez Abou
Haflan, pour favoir fi je fuis dans Terreur.
Le calife y confentit, &: la princcfTe chargea
fa nourrice de cette importante commrlîicn :
c'étoit une femme fort âgée, qui étoit toujours
reftée près de Zobéïde depuis Ton enfance, &
qui é toit-là préfente parmi fes autres femmes.
Nourrice , lui dit-elle , écoute ; va-t-en chez
Abou Haflan , ou plutôt chez Nouzhatoul-
Aouadat, puifqu'Abou HaiTan eft mort; tu vois
quelle eft ma difpute avec le commandeur des
croyans & avec Mefrour : il n'eft pas befoia
de te rien dire davantage : éclaircis - moi de
tout ; & fi tu me rapportes une bonne nou-
velle , il y aura un beau préfent pour toi : va
Vite, & reviens incefïamment.
La nourrice partit avec une grande joie du
calife , qui étoit ravi de voir Zobéïde dans ces
embarras ; mais Mefrour extrêmement mortifié
de voir la princefle dans une fi grande colèr©
contre lui , cherchoit les moyens de Tappai-
fer , & de faire en forte que le calife & Zo-
béïde fufTent également contens de lui. C'eft
pourquoi il fut ravi dès qu'il vit que Zobéïde
prenoit le parti d'envoyer fa nourrice chez
Abou Haflan , parce qu'il étoit perfuadé
jque le rapport qu'elle lui fcroit ^ ne manque-