Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 57
'du matin , pardonnez - moi cette indifcrétion ;
je n'ai pu apprendre tranquillement que Tour-
mente vit encore. J'en ai fenti un tranfport
que je n'ai pu retenir. Hé ! qu'eft - elle donc
devenue , dit le calife , s'il eft vrai qu'elle ne
foit pas morte? Commandeur des croyans, ré-
pondit Aube du jour , j'ai reçu ce foir d'un
homme inconnu , un billet fans Signature , mais
écrit de la propre main de Tourmente , qui
me mande fa trifte aventure, & m'ordonne de
vous en inftruire. J'attendois pour m'acquit-
ter de ma com.miilîon , que vous eufïiez pris
quelques momens de repos , jugeant que vous
deviez en avoir befoin après la fatigue &
Donnez , donnez - moi ce billet , interrompit
avec précipitation le calife , vous avez mal à
propos différé de me le remettre.
Aube du jour lui préfenta aulTitôt le billet;
il l'ouvrit avec beaucoup d'impatience; Tour-
mente y
faifoit un détail de tout ce qui s'étoit
pafTé : mais elle s'étendoit un peu trop fur les
foins que Ganem avoit d'elle. Le calife natu-
rellement jaloux, au lieu d'être touché de
l'inhumanité de Zobéïde , ne fut fenfîble qu'à
l'infidélité qu'il s'imagina que Tourmente lui
avoit faite. Hé quoi , dit-il , après avoir lu le
billet , il y a quatre mois que la perfide eftr
avec un jeune marchand dont elle a l'effronterie
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