Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. ^07
«Quoiqu'il y eût encore beaucoup d'affaires
à régler dans le confeil qui fe tenoit, le calife
néanmoins dans l'impatience d'aller chez la prin-
ceffe Zobéïde lui faire fon compliment de con-
doléance fur la mort de fon efclave , fe leva
peu de tems après le départ d'Abou Hafïàn
& remit le confeil à un autre jour. Le grand-
vifir Giafar & les autres vihrs prirent congé ,
& Ils fe retirèrent.
Dès qu'ils furent partis, le calife dit à Mcf-
rour , chef des eunuques de fon palais , qui
étoit prefque inféparable de fa perfonne , &
qui d'ailleurs étoit de tous fes confeils : Suis-
moi , & viens prendre part comme moi à la
douleur de la princefTe , fur la mort de Nouz-
hatoul-Aouadat fon efclave.
Ils allèrent enfemble à l'appartement de Zo-
béïde : quand le calife fut à la porte , il en-
tr'ouvrit la portière , & il apperçut la princelTe
aflifé fur un fofa , fort affligée , & les yeux en-
core tout baignés de larmes.
Le calife entra, & en avançant vers Zobéïde :
Madame , lui dit-il , il n'eft pas néceflaire de
vous dire combien je prcns part à votre alfiic-
tion , puifque vous n'ignorez pas que je ne
fois pas aulli fenfible à ce qui vous fait de h
peine , que je le fuis à tout ce qui vous tait
plaifir ; mais nous fommes tous mortels , &;
,