Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

122 Les mille et une Nuits,
pafTer pour un prodige. Ce jeune prince fe Ten-
tant un courage digne de fa naifiance, dit un
jour à (a. mère : Madame , je commence à
m'ennuyer à Samarie ; je fens que j'aime la
gloire, permettez-moi d'aller chercher les oc-
cafions d*en acquérir dans les périls de la guerre.
Le roi de Harran , mon père , a des ennemis ;
quelques princes fes voifins veulent troubler
fbn repos : que ne m'appelle-t-il à fon fecours?
pourquoi me laifTe-t-il dans l'enfance fi long-
tems ? ne devrois - je pas être dans fa cour ?
Pendant que tous mes frères ont le bonheur
de combattre à fes côtés , faut-il que je paffe
ici ma vie dans roifiveté ? Mon fils , lui ré-
pondit Pirouzé, je n'ai pas moins d'impatience
que vous de voir votre nom fameux ; je vou-
drois que vous vous fuffiez déjà fignalé contre
les ennemis du roi votre père i mais il faut
attendre qu'il vous demande. Non , madame
répliqua Codadad, je n'ai que trop attendu. Je
meurs d'envie de voir le roi, & je fuis tenté
de lui aller offrir mes fervices comme un jeune
inconnu. Il les acceptera fans doute, §c je ne
me découvrirai qu'après avoir fait mille adions
glorieufes ; je veux mériter fon eftime avant
qu'il me reconnoiffe. Pirouzé approuva cette
génércufe réfolution ; $c de peur que le prince
Samer ne s'y opposât , Codadad , fans la lui
,