Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. ^.^-^
après l'avoir fait palTer au milieu, il le condui-
^t jufqu'au trône du fultan.
Dès que le fultan eut apperçu Aladdin , il
ne fut pas moins étonné de le voir vêtu plus
richement & plus magnifiquement qu*Il ne Ta-
voit jamais été lui-mcme, que furpris , contre
fon attente , de fa bonne mine , de fa belle
taille , & d'un certain air de grandeur fort éloi-
gne de l'état de bafiefle dans lequel fa mère
avoit paru devant lui. Son étonnement & (a
furprife néanmoins ne l'empêchèrent pas de fe
lever, & de defcendre deux ou trois marches
de fon trône afiez promptement pour empêcher
Aladdin de fe jeter à (es pies , & pour l'em-
braffer avec une démonftration pleine d'amitié.
Après cette civilité , Aladdin voulut encore fe
jeter aux pies du fultan , mais le fultan le re-
tint par la main, & l'obligea de monter & de
s'aiTeoir entre le vifir & lui.
Alors Aladdin prit la parole : Sire, dit-il, je
reçois les honneurs que votre majefté me fait,
parce qu'elle a la bonté & qu'il lui plaît de me
les faire ; mais elle me permettra de lui dire
que je n'ai point oublié que je fuis né fon
efclave, que je connois la grandeur de fa puif-
fance , & que je n'ignore pas combien ma naif-
fance me met au-deffous de la fplendeur & de
l'éclat du rang fuprême où elle eft élevée. S'il