Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 1S7
J'en fuis bien perfuadé , reprit le calife d'uu
aîr riant; il n'eftpas poflible qu'un homme comme
^0U6 ne fâche faire le choix des meilleures
chofes.
Pendant que le calife buvoit : Il ne faut que
vous regarder , repartit Abou HafTan , pour
s'appercevoir du premier coup-d'oeil que vous
£tes de ces gens qui ont vu le monde & qui
Savent vivre. Si ma maifon , ajouta-t-il en vers
arabes, e'toit capable de fentiment, & qu'elle
fût fenfible au fujet de joie qu'elle a de vous
pofTéder , elle le marqueroit hautement , & en
fe profternant devant vous : elle s'écrieroit :
Ah ! quel plaifir , quel bonheur de me voir
honorée de la préfence d'une perfonne fi hon-
nête & fi com.plaifante , qu'elle ne dédaigne
pas de prendre le couvert chez moi ! Enfin
feigneur , je fuis au comble de ma joie , d'avoir
fait aujourd'hui la rencontre d'un homme de
votre mérite.
Ces faillies d'Abou Hafifan divertifloient fort
le calife, qui avoit naturellement l'efprit très-
enjoué , & qui fe faifoit un pîaifir de l'exciter
è boire, en demandant fouvent lui-même du
vin , afin de le mieux connoître dans fon en-
tretien , par la gaieté que le vin lui infpire-
roit. Pour entrer en converfation , il lui de-
manda comment il s'appeloit , à quoi il s'occu-
,