Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

74"
Les mille et une NutTs,
marques de tendreffe qu'elles pouvoient atten-
dre de la femme de Ganem , elle leur dit :
Ceflez de vous affliger Tune & l'autre , les ri-
cliefles que Ganem avolt en cette ville, ne font
pas perdues ; elles font au palais du calife dans
mon appartement. Je fais bien que toutes les
richelTes du m.onde ne fauroient vous confoler
fans Ganem : c'eft le jugement que je fais de
fa mère & de fa fœur , fi je dois juger d'elles
par moi-même. Le fang n'a pas moins de forcé
que Tamour dans les grands cœurs. Mais pour-
quoi faut-il défefpérer de le revoir ? nous lé
retrouverons ; le bonheur de vous avoir ren-
contrées m'en fait concevoir Tefpérance. Peut-
être même que c'eft aujourd'hui le dernier jour
de vos peines , & le commencement d'un bon-
heur plus grand que celui dont vous jouiffiez
à Damas , dans le tems que vous y poffédiez
Ganem.
Tourmente aîloit pourfuivre, lorfque le fyn-
dic des jouailliers arriva : Madame , lui dit-il
je viens de voir un objet bien touchant. C'eft
un jeune homme qu'un chamelier amenoit à
Vhôpital de Bagdad. Il étoit lié avec des cor-
clés fur un chameau , parce qu'il n'avoit pas
îa force de fe foutenir. On l'avoit déjà délié
& on étoit prêt à le porter à l'hôpital, lorfque
j 'ai pajOfé par-là. Je ms fuis approché du jeune
,