Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes* 13J
dans ce bois ou il me retient depuis quel-
ques jours.
Quelque déplorable pourtant que foit ma
deftinée, je ne laifle point de fsntir une fecrète
confolation , quand je penfe que ce géant
tout brutal & tout amoureux qu*il ait été,
n'a point employé la violence pour obtenir ce
que j'ai toujours refufé à fes prières. Ce n'eft
pas qu'il ne m'ait cent fois menacée qu'il en
viendroit aux plus fâcheufes extrémités , s'il
ne pouvoit vaincre autrement ma réfiitance ;
& je vous avoue que tout-à-l'heure , quand
j'ai excité fa colère par mes difcours , J'ai
moins craint pour ma vie que pour mon hon-
neur.
Voilà, feigneur, continua la femme du prince
des farrazins , voilà mon hiftoire ; & je ne
doute point que vous ne me trouviez afifez digne
de pitié pour ne pas vous repentir de m'avoir
fi généreufement fecourue. Oui, madame, lui
dit mon père , vos malheurs m'ont attendri ;
j'en fuis vivement touché ; mais il ne tiendra
pas à moi que votre fort ne devienne m.eilîeur.
Demain , dès que le jour aura dilîipé les om-
bres de la nuit , nous fortirons de ce bois
nous chercherons le chemin de la grande ville
de Deryabar dont je fuis le fouverain ; £c fi.
Vous l'avez pour agréable , vous logerez dans
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