Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

^'6o Les mille et une Nuits,
mangea tranquillement & peu-à-peu , & il but
â proportion. Quand il eut achevé : Ma
mère,
dît-il , j'aurois de grandes plaintes à vous faire
fur ce que vous m'avez abandonné avec tant
de facilité à la difcrétion d'un hommç qui
avoit defTein de me perdre , & qui tient à
l'heure que je vous parle , ma mort fi cer-^
taine , qu'il ne doute pas , ou que je ne fuis
plus en vie , ou que je ne doive la perdre au
premier jour ; mais vous avez cru qu'il étoit
mon oncle , & je. l'ai cru comme vous. Eh
pouvions-nous avoir d'autre penfée d'un homme
qui m'acc^bloit de carefles & de biens , &
qui me faifoit tant d'autres promeffes avanta-
geufes ! fâchez , ma mère , que ce n'eft qu'un
traître , un méchant , un fourbe ; il ne m'a fait
tant de bien S>ç tant de promefles , qu'afin d'ar-
river au but qu'il s'étoit propofé de me per-
dre , comme je l'ai dit , fans que ni vous nî
moi nous puiflions en deviner la çaufe. De
mon côté , je puis afTurer que je ne lui ai
donné aucun fujet qui méritât le moindre mau-;
vais traitement, Vous le comprendrez vousmême
par le récit fidèle que vous allez enten-
dre de tout ce qui s'eft palTé depuis que je
me fuis féparé de vous , jufqu'4 l'exécution,
de fon pernicieux defTein,
Aladdin commença à raconter à fa mère tçuç