Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

4-8(5 Les mille et une Nuits,
îa vue du coté où il avoit coutume de voir c&
palais , & il ne vit qu'une place vuide , telle
qu'elle étoit avant qu'on Ty eût bâti : il crut
qu'il fe trompoit , & il fe frotta les yeux; mais
il ne vit rien de plus que la première fois,
quoique le tems fût ferein , le ciel net , & que
l'aurore qui avoit commencé de paroître , ren-
dît tous les objets fort diftinds. Il regarda par
les deux ouvertures à droite & à gauche, &
il ne vit que ce qu'il avoit coutume de voir
par ces deux endroits. Son étonnement fut fî
grand , qu'il demeura îong-tems dans la même
place , les yeux tournés du côté oii le palais
avoit été , & où il ne le voyoit plus , en cher-
chant ce qu'il ne pouvoit comprendre ; favoir,
comment il fe pouvoit faire qu'un palais aufli
grand & auffi apparent que celui d'Aladdin ,,
qu'il avoit vu prefque chaque jour depuis qu'iî
avoit été bâti avec fa permiflion, & tout ré-
cemment îe jour de devant , le fût évanoui de
manière qu'iî n^en paroiffoit pas le moindre
véftige. Je ne m.e trompe pas, difoit-iî en luimême,
il étoit dans la place que voilà ; s'il
s'étoit écroulé , les matériaux paroîtroient en
monceaux ; &; 11 la terre l'avoit englouti , on.
en verroit quelque marque. De quelque ma-
nière que. cela fût arrivé > & quoique convaincu
que le palais n'y étoit plus , il ne lailTa pas