Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 3(^7
tafTes , & qu'elle fentit l'odeur délicieufe qui
exhaloit de tous ces plats. Mon fils , demanda-
t-eile à Aladdin, d'où nous vient cette abon-
dance, & à qui fommes-nous redevables d*une
Il grande libéralité ? le fultan auroit-il eu con-
noiflance de notre pauvreté, & auroit-il eu
compaflîon de nous ? Ma mère , reprit Alad-
din , mettons-nous à table & mangeons , vous
en avez befoin aufli-bien que moi; je vous le
dirai quand nous aurons déjeuné. Ils fe mirent
à table , & ils mangèrent avec d'autant plus
d'appétit, que la mère & le fils ne s'écoient
jamais trouvés à une table fi bien fournie.
Pendant le repas, la mère d'Aladdin ne pou-
volt fe lafler de regarder & d'admirer le baflîn
& les plats , quoiqu'elle ne fût pas trop diftinc-
tement s'ils étoient d'argent ou d'une autre
matière , tant elle étoit peu accoutumée à en
voir de pareils ; & , à proprement parler , fans
avoir égard à leur valeur, qui lui étoit incon-
nue, il n'y avoit que la nouveauté qui la tenoit
en admiration , & fon fils Aladdin n'en avoit
pas plus de connoilTance qu'elle.
Aladdin & fa mère , qui ne croyoîent faire
qu'un fimple déjeûné , fe trouvèrent encore à
table à l'heure du dîné : des mets fi excellens
les avoient mis en appétit ; & pendant qu'ils
étoient chauds , ils crurent qu'ils ne feroient