Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

334 Les mille et une Nuits ^
Quolqu'Aladdln eût enfeigné la maifon au
Kîagicien afriquain , il étoit près néanmoins de
fortir quand on fiappa à la porte. Aladdin
ouvrit j & il reconnut le magicien afriquain ,
r{ui entra chai-gé de bouteilles de vin & de
pludeurs fortes de fruits qu'il apportoit pour
le foupé.
Après que le magicien afriquain eut mis ce
qu'il apportoit , entre les mains d'Aladdin , il
falua fa mère , & il la pria de lui montrer la
place ou fon frère Muftafa avoit coutume de
s'afîeoir fur le fofa. Elle la lui montra; & auflî-
tôt il fe profterna , & il baifa cette place plu-
fîeurs fois les larmes aux yeux , en s'écriant :
Mon pauvre frère, que je fuis malheureux de
n'être pas arrivé afTez à tems pour vous em-
"brafTer encore une fois avant votre mort ! Quoi-
que la mère d'Aladdin l'en priât, jamais il ne
voulut s'alTeoir à la même place : Non, dit-il,
je m'en garderai bien j mais fouffrez que je me
mette ici vis-à-vis , afin que fi je fuis privé
de la fatisfadion de l'y voir en perfonne, comme
père d'une famille qui m'eft fi chère, je puifTe
au moins l'y regarder, comme s'il étoit préfent.
La mère d'Aladdin ne le prefTa pas davantage,
& elle le laifla dans la libecté de prendre la
place qu'il voulut.
Quand le magicien afriquain fe fut affis à