Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes, loi
mettre à table , & commença de le fervir à
genoux. Les grands du Caire en furent furpris.
Ils fe difoient tout bas les uns aux autres :
Hé , qui efl; donc cet étranger que Mobarec
fert avec tant de refpeft ?
Après qu'ils eurent mangé , Mobarec prît
la parole : Grands du Caire , dit - il , ne foyez
pas étonnés de m'avoir vu fervir de cette forte
ce jeune étranger. Sachez que c'eft le fils du
roi de Balfora mon maître. Son père m'acheta
de fss propres deniers. Il eft mort fans m'a-
voir donné la liberté. Ainfi je fuis encore fou
efclave , & par conféquent tous mes biens appar-
tiennent de droit à ce jeune prince fon unique
héritier. Zeyn l'interrompit en cet endroit :
O Mobarec, lui dit-il, je déclare devant tous
ces feigneurs , que je vous affranchis dès ce
moment , & que je retranche de mes biens
votre perfonne & tout ce que vous pofiedez :
voyez outre cela ce que vous voulez que je
vous donne. Mobarec à ce difcours baifa la
terre , & fit de grands remercîmens au prince.
Enfuitc on apporta le vin : ils en burent toute
la journée ; &: fiir le foir les préfens furent
diftribués aux convives qui fe retirèrent.
Le lendemain Zeyn dit à Mobarec : J'ai pris
alTez de repos. Je ne fuis point venu au Caire
pour vivre dans les plaifirs, J'ai deflein d'avoir
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