Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 177
îl entra dans l'appartement de fa mère , & il
s'afTît fur le bout du fofa , affez éloigné
d'elle.
Qu'avez-vous donc , mon fils , lui demanda
fa mère en le voyant en cet état ? pourquoi
étes-vous fi changé , fi abattu &c fi différent
de vous-même ? quand vous auriez perdu tout
ce que vous avez au m.onde , vous ne feriez
pas fait autrement. Je (dis la dépenfe effroyable
que vous avez faite; & depuis que vous vous
y êtes abandonné , je veux croire qu'il ne
vous refte pas grand argent. Vous étiez maître
de votre bien; & fi je ne me fuis point oppo-
fée à votre conduire déréglée , c'eft que je
favois la fage précaution que vous aviez prife
de conlerver la moitié de votre bien. Après
cala, je ne vois pas ce qui peut vous avoir
plongé dans cette profonde mélancolie.
Aoou Haffan fon.iit en larmes à ces paro-
les ; & au milieu de fes pleurs & de fes fou-
pirs : Ma mère, s'écria-r-il , je connois enfin
par une expérience bien do.iloureufe , com-
bien la pauvreté eft infupportable. Oui, je fens
vivement que comme le coucher du foleil
nous prive de la fplendeur de cet aftre , de
même la pauvreté nous ôte toute forte de
joie. Ceft elle qui fat oublier entièrement
toutes les louanges qu'on nous donnoit & tout