Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 235
des croyans, je ne puis plus en douter après
ce que tu viens de me raconter toi-même.
Apprends que c'eft par mes ordres que l'iman
& les quatre fcheikhs ont été châtiés de la
manière que tu m'as dit. Je fuis donc vérita-
blement le commandeur des croyans, te dis-je;
& ceiïe de me dire que c'eft un rêve. Je ne
dors pas , & j'étois aulH éveillé que je le fuis
en ce moment que je te parle. Tu me fais
plaifir de me confirmer ce que le juge de police
à qui j'en avois donné l'ordre, m'en a rappor-
té : c'eft-à-dire , que mon ordre a été exé-
cuté ponduellement ; & j'en fuis d'autant plus
réjoui , que cet iman & ces quatre fcheikhs
font de francs hypocrites. Je voudrois bien
favoir qui m'a porté en ce lieu-ci. Dieu foit
loué de tout : ce qu'il y a de vrai , c'eft que
je fuis très- certainement le commandeur de&
croyans ; & toutes tes raifons ne me perfuade-
ront pas le éontraire.
La mère qui ne pouvoit deviner , ni même
s'imaginer pourquoi fon fils foutenoit fi forte-
ment & avec tant d'aiTurance , qu'il étoit le
commandeur des croyans , ne douta plus qu'il
n'eût perdu l'efprit en lui entendant dire des
chofes qui étoient dans fon efprit au-delà de
toute croyance, quoiqu'elles euflent leur fon-
dement dans celui d'Abou HaiTan. Dani cette