Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

10^ Les mille et une Nuits,
côté du lac en un inftant. Il les reprit avec
fa trompe , les pofa fur le rivage , & difparut
auflitôt avec fa barque.
Nous pouvons préfentement parler, dit Mo-
barec. L'ile où nous fommes , efl celle du roi
des génies ; il n'y en a point de ferablable au
refte du monde. Regardez de tous côtés ,
prince : eft-il un plus charmant féjour ? c'eft
fans doute une véritable image de ce lieu, ra-
vilfant que dieu deftine aux fidèles obfervateurs
de notre loi. Voyez les champs parés de fleurs
& de toutes fortes d^herbes odorantes. Admi-
rez ces beaux arbres , dont les fruits délicieux
font plier hs branches jufqu'à terre. Goûtez
le plaifir que do;ivent caufer ces chants har-
monieux que forment dans les airs mille oifeaux
de mille efpèces inconnues dans les autres pays.
Zeyn ne pouvoit fe laiTer de confidérer la
beauté des chof2s qui l'environnoient , & il en
remarquolt de nouvelles à mefure qu'il s'avan-
çoit dans l'ile.
Enfin ils arrivèrent devant un palais de fines
émeraudes , ertouré d'un large fofîe , fur les
bords duquel, d'efpace en efpace, étoient plan-
tés des arbres h hauts qu'ils couvroient de
leur ombrage tout le palais. Vis-à-vis la porte
qui étolt d'or maiTif , il y
avoit un pont fait
d'une feule écaiîie de poiflbn , quoic^u'il eût