Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

'^i6 Les mille et une Nuit?^
nous reftoit rien de tout l'argent que noù?
avions. Alors les réflexions fur le paffé, &: les
réfoiutions de mieux faire à ravcnir, font ve-
nues en foule occuper notre efprit &: nos pen-
fées ; nous avons fait mille projets que nous
avons abandonnés enfuite. Enfin, la honte de
nous voir réduits à un fi trifte état , & de
n'ofer le déclarer à votre majefté, nous a fait
imaginer ce moyen de fuppléer à nos befoins,
en vous divertiffant par cette petite tromperie,
que nous prions votre majefté de vouloir bien
ïiôus pardonner.
Le calife & Zobéïde furent fort contens de
la fincérité d'Abou Halfan ; ils ne parurent
point fâchés de tout ce qui s'étoit pafTé ; au
contraire , Zobéïde , qui avoit toujours pris la
chofe très-férieufement , ne put s'empêcher de
îire à fon tour en fongeant à tout ce qu'Abou
Haflan avoit imaginé pour réuffir dans fon def-
fein. Le calife qui n'avoit prefque pas celTé de
rire , tant cette imagination lui paroiiToit fin-
gulière : Suivez-moi l'un & l'autre , dit-il à
Abou HaiTan & à fa femme en fe levant ; je
veux vous faire donner les mille pièces d'or
que je vous ai promifes , pour la joie que j'ai
de ce que vous n'êtes pas morts.
Com.mandeur des croyans , reprit Zobéïde
contentez-vous , je vous prie , de faire donner
,