Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes, 75
5t moi. Non , fans doute , interrompit Tour-
mente en cet endroit, il n'eft pas plus criminel
que vous. Je puis vous affurer de Ton innocence,
puifque cette même Tourmente dont vous avez
tant à vous plaindre , c'ed moi , qui , par la
fatalité des aîlres , ai caufé tous vos malheurs.
Ceft à moi que vous devez imputer la perte
de votre fils, s'il n'eft plus au monde; mais fi
j'ai fait votre infortune, je puis aufil la foa-
lager.. J'ai déjà juftifié Gancm dans rcfprlt du
calife : ce prince a fait publier par tous fes
états qu'il pardonnoit au fils d'Abou Aibou ;
^ ne doutez pas qu'il ne vous fane autant de
bien qu'il vous a fait de mal. Vous n'êtes plus
fes ennemis, Il attend Ganem pour le récom-
penfer du fervice qu'il m'a rendu , en unifiant
nos fortunes ; il me donne à lui pour époufe.
Ainfi regardez-moi comme votre fille , & per-
mettez-moi que je vous confacre une éter-
nelle amitié. En difant cela, elle fe pencha fur
la mère de Ganem , qui ne put répondre à ce
difcours , tant il lui caufa d'étonnement^ Tour-
mente la tint long-tems embraffée , & ne îa
quitta que pour courir à l'autre lit embraiTer
Force des coeurs , qui ç'étant levée fur fon féant
pour la recevoir , lui tendit les bras.
Après que la charmante favorite du calife
eut donné à la mère & à la fille toutes les