Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

514 Les mille et une Nuif ^j
roit pas de fe trouver conforme au fien , ©"
qu'il ferviroit à le juftifier & à le remettre dans
fes bonnes grâces.
Abou HafTan cependant qui étoit toujours
en fentinelle à la jaloufie, apperçut la nourrice
d'afTez loin : il comprit d'abord que c'étoit un
meflage de la part de Zobéïde. Il appela fa
femme; & fans héfiter un moment fur le parti
qu'ils avoient à prendre ; Voilà , lui dit-il , la
nourrice de la princelTe , qui vient pour s'in-
former de la vérité ; c'eft à moi à faire encore
le mort à mon tour.
Tout étoit préparé : Nouzhatoul - Aouadat
enfevelit Abou HafTan promptement, jeta par-
deflus lui la pièce de brocard que Zobéïde lui
avoit donnée, & lui mit fon turban fur le vi-
fage : la nourrice dans l'emprefTement où elle
étoit de s'acquitter de fa commiflion , étoit
venue d'un aflez bon pas. En entrant dans la
chambre , elle apperçut Nouzhatoul - Aouadat
affife à la tête d'Abou Halfan , toute écheve-
lée & toute en pleurs _, qui fe frappoit les joues
& la poitrine, en jetant de grands cris.
Elle s'approcha de la faufle veuve : ma chère
Nouzhatoul-Aouadat , lui dit-elle d'un air fort
trifte , je ne viens pas ici troubler votre dou-
leur , ni vous empêcher de répandre des lar-
mes pour un mari qui vous aimoit fi tendre^