Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes a r ï b e g. ^t
;tutGrité , d'avoir été obéi & traité véritable-
jnent en calife , & qui l'avoient perfuadé à (on
réveil qu'il l'étoit véritablement , & l'avoient
fait perfiftcr Ci long-tems dans cette erreur,
commencèrent infenfibîement â s'effacer de Ton
efprit.
Si i'étois calife & commandeur des croyans,
fe difoit-il quelquefois à lui-même , pourquoi
me ferois-je trouvé chez moi en me réveillant,
& revêtu de mon habit ordinaire ? Pourquoi
ne me ferois-je pas vu environné du chef des
eunuques , de tant d'autres eunuques , & d'une
fi grolTe foule de belles dames ? Pourquoi le
^rand-vifir Giafar que j'ai vu à mes pies , tant
d'émirs , tant de gouverneurs de provinces , &
tant d'autres officiers dont je me fuis vu envi-
ronné , m'auroient-ils abandonné ? Il y a long-
tems , fans doute , qu'ils m'auroient délivré de
l'état pitoyable où je fuis , û j'avois quelqu'au-
torité fur eux. Tout cela n'a été qu'un fonge,
& je ne dois pas faire difficulté de le croire.
J'ai commandé , il eft vrai , au juge de police
de châtier l'iman & les quatre vieillards de fon
confeil ; j'ai ordonné au grand-vifir Giafar de
porter mille pièces d'or à ma mère , Se mes or-
dres ont été exécutés. Cela m'arrête , ^ je n'y
comprends rien. Mais combien d'autres chofes
y
a-t-il que je ne comprends pas , & que ja
Xome X. Q