Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

â^(5 Les mille et une NifiT?,
il s'étolt trouvé, & qui lui avoit caufé tarit
d'inquiétudes.
Nouzhatoul-Aouadat fatiguée d^avoir été fi
long-tems dans une fi grande contrainte , n'at-
tendit pas qu'Abou Haflun lui dît de quitter la
trifte fituation où elle étoit. Auffitôt qu'elle
entendit ouvrir la porte , elle courut à lui :
Hé bien , lui dit-elle , le calife a-t-il été aufli
facile à fe laiffer tromper que Zobéïde ?
Vous voyez , répondit Abou Haffan , ( en
plaifantant & en lui montrant la bourfe & la
pièce de brocard ) , que je ne fais pas moins
bien faire l'affligé pour la mort d'une femme
qui fe porte bien , que vous la pleureufe pour
telle d*un mari qui eft plein de vie.
Abou HafTan cependant fe doutoit bien que
cette double tromperie ne manqueroit pas
d*avoir des fuites : c'eft pourquoi il prévint fa
femme autant qu'il put , fur tout ce qui pour-
roit en arriver, afin d'agir de concert, ajou-
ta-t-il : mieux nous réufiîrons à jeter le calife
&: Zobéïde dans quelque forte d'embarras, plus
ils auront de plaifir à la fin ; &. peut-être
nous en témoigneront -ils leur fatisfadlon par
quelques nouvelles marques de leur libéralité*
Cette dernière confidération fut celle qui les
encouragea plus qu'aucune autre à porter îa
feinte aufli loin qu'il leur feroit poflible^