Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

C o N T E -S A
Pv A E i: s. 25*
Vient pas. Traitsz-mol , de grâce , comme vo-
tre efclave. Je le fuis , & je ne cellcrai jamais
de l'ctre.
Non, non, interrompit Tourm^enteà Ton tour,
je me garderai bien de traiter ainii un homme
à qui je dois la vie. Je ferois une ingrate, fi
je difois ou fi je faifois quelque chofe qui ne
vous convint pas. LaifTez-moi donc fiiivre les
mouvemens de ma reconnoifiance , & n'exigez
pas pour prix de vos bienfaits , que j'en ufe
malhonnêtement avec vous. C'eil ce que je ne
ferai jamais. Je fuis trop touchée de votre con-
duite refpectueufe pour en abufer, & je vous
avouerai que je ne vois point d'un ceil indif-
férent tous les foins que vous prenez. Je ne
vous en puis dire davantage. Vous favez les rai-
fons qui me condam.nent au filence.
Gancm fut enchanté de cette déclaration : il
en pleura de joie, & ne pouvant trouver de
termes affez forts à fon gré pour remercier
Tourmente , il fe contenta de lui dire que fi
elle favoit bien ce qu'elle devoit au calife ,
il n'ignoroit pas de fon côté que ce qui appar-
tient (Ml maître , efl défendu à Cejclave.
Comme il s'apperçut que la nuit approchoit,
il fe leva pour aller chercher de la lumière. Il
en apporta lui-même , & de quoi faire la col-
lation , félon l'ufage ordinaire ds la ville de