Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. 209
ne comprends rien à la nouvelle que vous
m'apprenez de la mort de mon efclave : elle
efl: en parfaite fanté : dieu nous conferve vous
& moi , feigneur , fi vous me voyez aiBigée
c'eft de la mort d'Abou Hailan fon mari, votre
favori, que j'efiimois autant par la confidération
que vous aviez pour lui , que parce que vous
avez eu la bonté de me le faire connoitue , &
qu'il m'a quelquefois divertie afTez agréablement.
Mais , feigneur , l'infenfibilité où je vous vois
de fa mort , & l'oubli que vous en témoignez
en fi peu de tems après les témoignages que
vous m'avez donnés à moi-miéme du piaiiir que
vous aviez de l'avoir auprès de vous , m'éton-
nent & me furprennent. Et cette infenfibUité
paroît davantage , par le change que vous me
voulez donner , en- m'annonçant la mort de
mon efclave pour la fienne.
Le calife qui croyoit être parfaitement bien
informé de la mort de l'efclave , & qui avoit
fujet de le croire , par ce qu'il avoit vu &
entendu, fe mit à rire & à haufler les épau-
les, d'entendre ainfi parler Zobéïde. Mefroar ,
dit-il , en fe tournant de fon coté , lui adref-
fant la parole , que dis-tu du difcours de la
princelfe ? n'eft-il pas vrai que les dames ont
quelquefois des abfences d'efprit, qu'on ne peut
que difficilement pardonner? car enfin tu as vu
,