Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes AkAbes. yo^î
ceinture d'un collier de perles feulement, dont
les fix de chaque côté étoient d'une telle pro-
portion avec celle du milieu qui étoit la plus
grofle & la plus précieufe , que les plus grandes
fultanes & les plus grandes reines fe leroient
eflimées heureufes d'en avoir un complet de la
gfOiTeur des deux plus petites , de celui de la
princeiTe. Les braflelets, entremêlés de diamans
3c de rubis , répondoient merveilleurement bieo
à la richefle de la ceinture & du collier.
Quand la princefTe Badroulboudour fut en-
tièrement habillée , elle confuîta fon miroir
prit l'avis de fes femmes fur tout fon ajuftement;
& après qu'elle eut vu qu'il ne lui manquoit
aucun des charmes qui pouvoient flatter la
folle paflion du magicien afriquain , elle s'affit
fur fon fofa, en attendant qu'il arrivât.
Le magicien ne manqua pas de venir à fon
heure ordinaire. Dès que la princeiTe le vit
entrer dans fon fallon aux vingt-quatre croi-
(ées où elle l'attendoit , elle fe leva avec tout
fon appareil de beauté & de charmes, & elle
lui montra de la main la place honorable où
elle attendoit qu'il fe mît, pour s'alTeoir ea
même-tems que lui; civilité diftinguée qu'elle
ne lui avoir pas encore faite.
Le magicien afriquain plus ébloui de l'éclat
«des beaux yeux de la princefle, que du bril-
,