Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

C ONT E s Ar AB E s. 531
du jeune homme ; &: en le tirant à part à quelques
pas de fes camarades : Mon fils , lui de-
manda- t-il, votre père ne s'appelle -t-il pas
Muftafa le tailleur ? Oui , monfîeur , répondit
Aladdin ; mais il y a iong-tems qu'il eft mort.
A ces paroles , le magicien afriquain fe jeta
au col d'Aladdin , TembrafTa & le baifa par plu-
(îeurs fois les larmes aux yeux , accompagnées
de foupirs. Aladdin qui remarqua (qs larmes ,
lui demanda quel fujet il avoit de pleurer.
Ah ! mon fils , s'écria le magicien afriquain ,
comment pourrois-je m'en empêcher ? je fais
votre oncle , & votre père étoit mon bon
frère. Il y a plufieurs années que je fuis en
voyage ; & dans le moment que j'arrive ici
avec l'efpérance de le revoir , & de lai don-
ner de la joie de mon retour , vous m'appre-
nez qu'il eft mort : je vous affure que c'eft
une douleur bien fenfible pour moi de me voir
privé de la confolation à laquelle je m'atten-
dois. Mais ce qui foulage un peu mon aflîic-
tion , c'eft que, autant que je puis m'en fou-
venir , je reconnois fes traits fur votre vifa-
ge , & je vois que je ne me fuis pas trompé
en m'adreflant à vous. Il d-manda à Aladdin,
en mettant la main à la bourfe , où demeuroit
fa mère. Auflitôt Aladdin fatistit à fa demande,
& le magicien afriquain lui donna en même-