Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

Contes Arabes. ^y
à cheval , il y parut néanmoins pour la pre-
mière fois avec tant de bonne grâce , que le
cavalier le plus expérimenté ne l'eut pas pris
pour un novice. Les rues par où il pafTa, furent
remplies prefqu'en un moment d'une foule in-
nc^mbrable de peuple , qui faifoit retentir l'air
d'acclamations , de cris d'admiration & de bé-
nédictions , chaque fois particulièrement que
les fix efclaves qui avoient les bourfes, faifoient
voler des poignées de pièces d'or en l'air à
droite & à gauche. Ces acclamations néan-
moins ne venoient pas de la part de ceux qui
fe poufToient & qui fe bailfoient pour amafTec
de ces pièces , mais de ceux qui d'un rang au-^
deflus du menu peuple , ne pouvoient s'empê-
cher de donner publiquement à la libéralité
d'Aladdin les louanges qu'elle méritoit. Non-
feulement ceux qui fe fouvenoient de l'avoir
vu jouer dans les rues dans un âge déjà avan-
cé, comme un vagabond, ne le reconnoilToient
plus : ceux mêmes qui l'avoient vu il n'y avoit
pas long-tems, avoient de la peine à le remet-
tre , tant il avoit les traits changés. Cela venoit
de ce que la lampe avoit cette propriété de
procurer par degrés à ceux qui la pofîedoient,
les perfeftions convenables à l'état auquel ils
parvenoient par le bon ufage qu'ils en faifoient.
On fît alors beaucoup plus d'attention à la per-