Le cabinet des fs, ou collection choisie des contes des fs, et autres ...

ïy4 ^^S MILLE ET UNE NuiTS^
de Deryabar exprîmoit fa douleur en regar-
dant Tinfortuné Codadad qui ne pouvoit Teotendre.
Il n'étoit pourtant pas mort; & fa femme
ayant pris garde qu'il refpiroiti encore , courut
vers un gros bourg qu'elle apperçut dans la
plaine , pour y chercher un chirurgien. On
lui en enfeigna un qui partit fur le champ avec
elle ; mais quand ils furent fous la tente , ils
n'y trouvèrent point Codadad ; ce qui leur fit
]uger que quelque bête fauvage Tavoit emporté
pour le dévorer. La princelTe recommença fes
plaintes & fes lamentations de la manière du
inonde la plus pitoyable. Le chirurgien en fut
attendri ; & ne voulant pas l'abandonner dans
l'état affreux oii il la voyoit , il lui propofa
de retourner dans le bourg , & lui offrit fa
maifon & fes fervices.
Elle fe laiifa entraîner : le chirurgien l'em-
mena chez lui , & fans favoir encore qui elle
étoit , la traita avec toute la confidération &
tout le refped imaginable. Il tâchoit par fes
difcours de la confoler : mais il avoit beau
combattre fa douleur , il ne faifoit que l'aigrir
-au lieu de la foulager. Madame , lui dit-il un
jour, apprenez-moi, de grâce, tous vos mal-
heurs ; dites - moi de quel pays & de quelle
condition vous êtes. Peut-être que je vous
donnerai de bons confeils , quand je ferai inf-